
Le cobalt a été identifié en 1735 par le chimiste suédois Georg Brandt (1694-1768), faisant de lui le premier métal découvert par une méthode scientifique moderne. Avant cette découverte, les mineurs allemands et saxons utilisaient le terme kobold (esprit malveillant en allemand) pour désigner certains minerais qui, lors de la fonte, dégageaient des vapeurs toxiques d'arsenic et ne produisaient pas le cuivre espéré. Brandt démontra que ces minerais contenaient un élément métallique distinct, qu'il nomma cobalt en référence à ces esprits. Le cobalt était utilisé depuis l'Antiquité pour colorer le verre en bleu intense, notamment en Égypte et en Perse, bien avant que sa nature chimique ne soit comprise. La découverte de Brandt marqua une étape importante dans le développement de la chimie analytique.
Le cobalt (symbole Co, numéro atomique 27) est un métal de transition du groupe 9 du tableau périodique. Son atome possède 27 protons, généralement 32 neutrons (pour l'isotope stable \(\,^{59}\mathrm{Co}\)) et 27 électrons avec la configuration électronique [Ar] 3d⁷ 4s².
À température ambiante, le cobalt est un métal solide gris argenté brillant, relativement dense (densité ≈ 8.90 g/cm³). Il présente des propriétés ferromagnétiques exceptionnelles, similaires au fer et au nickel, conservant son magnétisme jusqu'à 1 115 °C (température de Curie). Le cobalt possède une bonne résistance à la corrosion et à l'oxydation grâce à la formation d'une couche d'oxyde protectrice à sa surface. Le point de fusion (état liquide) du cobalt : 1 768 K (1 495 °C). Le point d'ébullition (état gazeux) du cobalt : 3 200 K (2 927 °C).
| Isotope / Notation | Protons (Z) | Neutrons (N) | Masse atomique (u) | Abondance naturelle | Demi-vie / Stabilité | Décroissance / Remarques |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Cobalt-59 — \(\,^{59}\mathrm{Co}\,\) | 27 | 32 | 58.933195 u | 100 % | Stable | Seul isotope stable du cobalt naturel ; isotope monoisotopique. |
| Cobalt-60 — \(\,^{60}\mathrm{Co}\,\) | 27 | 33 | 59.933817 u | Synthétique | ≈ 5.27 ans | Radioactif, décroissance β⁻ vers \(\,^{60}\mathrm{Ni}\). Émet des rayons gamma puissants ; utilisé en radiothérapie, stérilisation et datation. |
| Cobalt-57 — \(\,^{57}\mathrm{Co}\,\) | 27 | 30 | 56.936291 u | Synthétique | ≈ 271.8 jours | Radioactif, capture électronique vers \(\,^{57}\mathrm{Fe}\). Utilisé en médecine nucléaire et comme source de calibration. |
| Cobalt-56 — \(\,^{56}\mathrm{Co}\,\) | 27 | 29 | 55.939839 u | Trace cosmique | ≈ 77.27 jours | Radioactif, capture électronique vers \(\,^{56}\mathrm{Fe}\). Produit dans les supernovae de type Ia ; traceur important en astrophysique. |
| Cobalt-58 — \(\,^{58}\mathrm{Co}\,\) | 27 | 31 | 57.935753 u | Synthétique | ≈ 70.86 jours | Radioactif, capture électronique vers \(\,^{58}\mathrm{Fe}\). Utilisé en recherche médicale et industrielle. |
N.B. :
Les couches électroniques : Comment les électrons s'organisent autour du noyau.
Le cobalt possède 27 électrons répartis sur quatre couches électroniques. Sa configuration électronique complète est : 1s² 2s² 2p⁶ 3s² 3p⁶ 3d⁷ 4s², ou de manière simplifiée : [Ar] 3d⁷ 4s². Cette configuration peut aussi s'écrire : K(2) L(8) M(15) N(2).
Couche K (n=1) : contient 2 électrons dans la sous-couche 1s. Cette couche interne est complète et très stable.
Couche L (n=2) : contient 8 électrons répartis en 2s² 2p⁶. Cette couche est également complète, formant une configuration de gaz noble (néon).
Couche M (n=3) : contient 15 électrons répartis en 3s² 3p⁶ 3d⁷. Les orbitales 3s et 3p sont complètes, tandis que les orbitales 3d contiennent 7 électrons sur 10 possibles.
Couche N (n=4) : contient 2 électrons dans la sous-couche 4s. Ces électrons sont les premiers à être impliqués dans les liaisons chimiques.
Les 9 électrons des couches externes (3d⁷ 4s²) constituent les électrons de valence du cobalt. Cette configuration explique ses propriétés chimiques et magnétiques :
En perdant les 2 électrons 4s, le cobalt forme l'ion Co²⁺ (degré d'oxydation +2), l'état le plus courant.
En perdant les 2 électrons 4s et 1 électron 3d, il forme l'ion Co³⁺ (degré d'oxydation +3), également très stable.
Des états d'oxydation moins communs (+1, +4) existent dans certains composés organométalliques ou complexes de coordination.
La configuration électronique du cobalt, avec ses orbitales 3d presque remplies (7 électrons sur 10), explique ses remarquables propriétés magnétiques. Les électrons non appariés dans les orbitales 3d créent des moments magnétiques qui s'alignent parallèlement, conférant au cobalt son ferromagnétisme caractéristique. Cette structure lui permet également de former des complexes de coordination très stables et colorés, essentiels en catalyse et en biochimie (vitamine B12).
Le cobalt est un métal modérément réactif. À température ambiante, il est relativement stable dans l'air sec grâce à une couche d'oxyde protectrice. À température élevée, il réagit avec l'oxygène pour former des oxydes de cobalt (CoO, Co₃O₄), et peut également réagir avec le soufre, le chlore et d'autres halogènes. Le cobalt forme principalement des composés aux degrés d'oxydation +2 et +3. Les composés de cobalt(II) sont généralement roses ou bleus, tandis que les composés de cobalt(III) sont souvent oranges ou jaunes. Le cobalt métallique est attaqué lentement par les acides dilués en libérant de l'hydrogène, mais résiste mieux aux bases. Il forme de nombreux complexes de coordination remarquablement stables, dont certains jouent des rôles biologiques essentiels comme la vitamine B12 (cobalamine).
Le cobalt est synthétisé principalement lors des explosions de supernovae par divers processus nucléosynthétiques. L'isotope radioactif \(\,^{56}\mathrm{Co}\) (demi-vie de 77.3 jours) joue un rôle crucial dans l'émission lumineuse des supernovae de type Ia. Il se forme par désintégration du nickel-56 produit lors de l'explosion, et sa propre décroissance radioactive vers le fer-56 alimente la courbe de lumière caractéristique de ces supernovae pendant plusieurs mois. Cette signature est utilisée pour calibrer les distances cosmologiques et étudier l'expansion de l'Univers.
Le cobalt-60, bien que rare dans l'espace, est détecté dans certains restes de supernovae et fournit des informations sur les conditions physiques extrêmes lors de ces explosions. L'abondance du cobalt stable dans les étoiles et les météorites aide les astrophysiciens à retracer l'histoire de la nucléosynthèse galactique. Les raies spectrales du cobalt sont observées dans les atmosphères stellaires et permettent de déterminer la composition chimique et les conditions physiques des étoiles évoluées.
N.B. :
Le cobalt est relativement rare dans la croûte terrestre (environ 0,0025 % en masse), se classant au 32ème rang des éléments par abondance. Il est principalement extrait comme sous-produit de l'exploitation minière du cuivre et du nickel, notamment en République démocratique du Congo (qui produit plus de 70% du cobalt mondial), en Australie, au Canada et en Russie. Les principaux minerais sont la cobaltite (CoAsS), l'érythrite (Co₃(AsO₄)₂·8H₂O) et la smaltite (CoAs₂). La demande croissante en cobalt pour les batteries des véhicules électriques soulève des préoccupations géopolitiques et environnementales, stimulant la recherche de technologies alternatives et de méthodes de recyclage efficaces.