
Dès le 17ᵉ siècle, des chimistes observaient qu’un gaz inflammable était libéré lors de la réaction d’un métal avec un acide. En 1766 Henry Cavendish (1731-1810) isole ce gaz et le qualifie d’« air inflammable » et démontre qu’il produit de l’eau à la combustion. En 1783, Antoine Lavoisier (1743-1794) interpréte correctement les résultats de Cavendish et démontre que l’eau est un composé, et non un élément. Il nomme ce gaz hydrogène (du grec hydro = eau et genes = créer).
L’hydrogène (symbole H, numéro atomique 1) est l’élément chimique le plus simple, constitué d’un seul proton et d’un électron, le protium (¹H). D'autres isotopes existent : le deutérium \(\,^{2}\mathrm{H}\), le tritium \(\,^{3}\mathrm{H}\),\(\,^{4}\mathrm{H}\)...
À température ambiante, l’hydrogène se trouve sous forme de gaz diatomique (H₂), extrêmement léger (densité ≈ 0.08988 g/L), incolore, inodore et hautement inflammable. La température à laquelle les états liquide et solide de l'hydrogène peuvent coexister à l'équilibre (point de fusion) : 13,99 K (−259,16 °C). La température à partir de laquelle il passe de l'état liquide à l'état gazeux (point d’ébullition) : 20,271 K (−252,879 °C).
| Isotope / Notation | Protons (Z) | Neutrons (N) | Masse atomique (u) | Abondance naturelle | Demi-vie / Stabilité | Décroissance / Remarques |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Protium — \(\,^{1}\mathrm{H}\,\) | 1 | 0 | 1.007825 u | ≈ 99.985 % | Stable | Noyau réduit à un proton ; base de l’hydrogène atomique. |
| Deutérium — \(\,^{2}\mathrm{H}\) (D) | 1 | 1 | 2.014102 u | ≈ 0.0156 % | Stable | Un proton + un neutron ; noyau lié, utilisé en RMN et en fusion. |
| Tritium — \(\,^{3}\mathrm{H}\) (T) | 1 | 2 | 3.016049 u | Trace | 12.32 ans | Radioactif β\(^-\) donnant \(\,^{3}\mathrm{He}\). Produit en réacteur et utilisé pour la fusion D–T. |
| Isotopes neutroniques extrêmes — \(\,^{4}\mathrm{H},\,^{5}\mathrm{H},\,^{6}\mathrm{H},\,^{7}\mathrm{H}\) | 1 | 3 — 6 | — (résonances) | Non naturels | \(10^{-22}\) — \(10^{-21}\) s | États très instables observés en laboratoire ; désintégration immédiate par émission de neutrons. |
N.B. :
Les couches électroniques : Comment les électrons s'organisent autour du noyau.
L'hydrogène possède 1 seul électron réparti sur une seule couche électronique. Sa configuration électronique complète est : 1s¹, sur la couche K. L'hydrogène est l'élément le plus simple du tableau périodique.
Couche K (n=1) : contient 1 seul électron dans la sous-couche 1s. Cette unique couche est incomplète, puisqu'elle peut contenir jusqu'à 2 électrons. Il manque donc 1 électron pour saturer cette première couche et atteindre la configuration stable de l'hélium.
L'unique électron (1s¹) constitue l'électron de valence de l'hydrogène. Cette configuration explique ses propriétés chimiques particulières :
En perdant son électron 1s, l'hydrogène forme l'ion H⁺ (degré d'oxydation +1), qui n'est en fait qu'un proton isolé. Cet état est courant dans les acides et les solutions aqueuses.
En gagnant 1 électron, l'hydrogène forme l'ion hydrure H⁻ (degré d'oxydation -1), présent dans les hydrures métalliques comme NaH ou LiH, adoptant ainsi la configuration stable de l'hélium [He].
Le degré d'oxydation 0 correspond au dihydrogène H₂, sa forme moléculaire naturelle, où deux atomes d'hydrogène partagent une paire d'électrons formant une liaison covalente simple.
La configuration électronique de l'hydrogène, avec son unique électron 1s, lui confère une position unique et ambiguë dans le tableau périodique. Cette structure lui confère des propriétés caractéristiques exceptionnelles : l'hydrogène peut à la fois perdre son électron (comme les métaux alcalins) ou en gagner un (comme les halogènes), ce qui lui donne un comportement chimique dual. Cependant, contrairement aux alcalins, l'hydrogène est un non-métal dans des conditions normales et forme principalement des liaisons covalentes plutôt qu'ioniques. L'ion H⁺ est extrêmement petit (un simple proton) et n'existe jamais isolé en solution ; il est toujours associé à des molécules d'eau formant l'ion hydronium H₃O⁺. Le dihydrogène H₂ est un gaz incolore, inodore, extrêmement léger (la molécule la plus légère qui existe), et hautement inflammable. Sa combustion avec l'oxygène produit uniquement de l'eau, ce qui en fait un carburant propre idéal. L'hydrogène forme des liaisons covalentes avec pratiquement tous les non-métaux et peut former des liaisons hydrogène, interactions faibles mais essentielles à de nombreux phénomènes biologiques et chimiques. L'importance de l'hydrogène est absolument fondamentale et universelle : l'hydrogène est l'élément le plus abondant de l'univers (environ 75% de la masse baryonique), constituant principal des étoiles où il fusionne pour former de l'hélium et libérer l'énergie solaire ; il est essentiel à toute la chimie organique et à la vie, présent dans l'eau H₂O, dans tous les composés organiques, les acides, les bases ; les liaisons hydrogène stabilisent la structure de l'ADN, des protéines et déterminent les propriétés uniques de l'eau ; industriellement, l'hydrogène est massivement utilisé dans le procédé Haber-Bosch pour produire l'ammoniac NH₃ (base des engrais), dans le raffinage du pétrole (hydrogénation), la production de méthanol, la synthèse de nombreux produits chimiques ; l'hydrogène est considéré comme le vecteur énergétique du futur pour une économie décarbonée : les piles à combustible convertissent l'hydrogène en électricité avec l'eau comme seul sous-produit, les véhicules à hydrogène se développent, et l'hydrogène peut stocker l'énergie renouvelable excédentaire ; en métallurgie, l'hydrogène sert d'agent réducteur ; trois isotopes naturels existent : protium ¹H (99,98%), deutérium ²H ou D (0,02%, utilisé comme traceur et dans la fusion nucléaire), et tritium ³H ou T (radioactif, utilisé en datation et recherche sur la fusion).
L’hydrogène est un réducteur puissant et forme des liaisons chimiques avec de nombreux éléments : halogènes, oxygène, soufre, métaux, etc. Il forme des hydrures et peut se comporter comme un acide (donneur de proton) ou une base (accepteur de proton) selon le contexte. L’hydrogène intervient dans la réduction d’oxydes métalliques en libérant un proton lorsqu’il se comporte comme acide, et dans l’hydrogénation de composés organiques en captant un proton lorsqu’il agit comme base.
L’hydrogène représente environ 75 % de la masse baryonique de l’univers. Il a été synthétisé en grande quantité au moment du Big Bang. Dans les étoiles, il sert de carburant pour les réactions de fusion thermonucléaire via le cycle proton-proton ou le cycle CNO. Dans le milieu interstellaire, on le retrouve sous forme atomique (H I), moléculaire (H₂) ou ionisée (H⁺). Sa raie à 21 cm est un outil majeur de la radioastronomie pour cartographier la structure galactique.
L’atome d’hydrogène est le système quantique le plus simple et sert de modèle pour tester les prédictions de la mécanique quantique et de l’électrodynamique quantique (QED). Son spectre électronique, très bien mesuré, permet de contraindre les constantes fondamentales et d’explorer des hypothèses sur la variation de ces constantes dans le temps ou l’espace.
N.B. :
La raie à 21 cm est un signal radio émis par l’hydrogène neutre dans l’espace. Elle se produit lorsqu’un léger changement dans l’orientation des spins du proton et de l’électron dans l’atome d’hydrogène libère un photon. Même si cette transition est rare et très faible, elle est très utile aux astronomes pour « voir » la répartition de l’hydrogène dans notre galaxie et dans les galaxies proches, car elle traverse facilement les nuages de poussière qui bloquent la lumière visible.