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Dernière mise à jour : 30 novembre 2024

Bore (Z=5) : Un Métalloïde aux Structures Moléculaires Complexes

Modèle de l'atome de bore

Histoire de la découverte du bore

Les composés du bore, notamment le borax, étaient connus depuis l'Antiquité et utilisés dans la fabrication du verre et comme agent de nettoyage. En 1808, le bore élémentaire fut isolé presque simultanément par deux équipes de chimistes : Joseph Louis Gay-Lussac (1778-1850) et Louis-Jacques Thénard (1777-1857) en France, et Humphry Davy (1778-1829) en Angleterre. Les chimistes français chauffèrent de l'acide borique avec du potassium métallique, tandis que Davy utilisa l'électrolyse. Le nom bore dérive du persan bûrah via l'arabe buraq, qui désignait le borax. Ce n'est qu'en 1909 qu'Ezekiel Weintraub (1880-1965) produisit du bore pur à plus de 99 % en réduisant des halogénures de bore avec de l'hydrogène sur un filament de tantale chauffé.

Structure et propriétés fondamentales

Le bore (symbole B, numéro atomique 5) est un métalloïde situé entre les métaux et les non-métaux dans le tableau périodique, constitué de cinq protons, généralement six neutrons (pour l'isotope le plus courant) et cinq électrons. Les deux isotopes stables sont le bore-11 \(\,^{11}\mathrm{B}\) (≈ 80,1 %) et le bore-10 \(\,^{10}\mathrm{B}\) (≈ 19,9 %).
À température ambiante, le bore élémentaire se présente sous plusieurs formes allotropiques. La forme cristalline la plus stable est le bore-β rhomboédrique, un solide noir extrêmement dur (proche du diamant sur l'échelle de Mohs), fragile et semi-conducteur. Le bore possède une densité modérée (≈ 2.34 g/cm³) et une résistance exceptionnelle aux températures élevées. La température à laquelle les états liquide et solide peuvent coexister (point de fusion) : 2349 K (2076 °C). La température à partir de laquelle il passe de l'état liquide à l'état gazeux (point d'ébullition) : 4200 K (3927 °C).

Tableau des isotopes du bore

Isotopes du bore (propriétés physiques clés)
Isotope / NotationProtons (Z)Neutrons (N)Masse atomique (u)Abondance naturelleDemi-vie / StabilitéDécroissance / Remarques
Bore-8 — \(\,^{8}\mathrm{B}\,\)538.024607 uNon naturel0.770 sRadioactif β\(^+\) et émission de particules alpha ; produit dans le Soleil via la chaîne pp.
Bore-10 — \(\,^{10}\mathrm{B}\,\)5510.012937 u≈ 19.9 %StableForte section efficace de capture des neutrons ; utilisé comme absorbeur de neutrons et en thérapie par capture de neutrons.
Bore-11 — \(\,^{11}\mathrm{B}\,\)5611.009305 u≈ 80.1 %StableIsotope majoritaire ; utilisé en spectroscopie RMN et dans l'industrie chimique.
Bore-12 — \(\,^{12}\mathrm{B}\,\)5712.014352 uNon naturel0.0202 sRadioactif β\(^-\) donnant \(\,^{12}\mathrm{C}\) ; produit artificiellement dans les accélérateurs.
Bore-13 — \(\,^{13}\mathrm{B}\,\)5813.017780 uNon naturel0.0174 sRadioactif β\(^-\) ; se désintègre rapidement en émettant des électrons.
Autres isotopes — \(\,^{7}\mathrm{B},\,^{9}\mathrm{B},\,^{14}\mathrm{B}-\,^{19}\mathrm{B}\)52, 4, 9-14— (résonances)Non naturels\(10^{-21}\) — 0.013 sÉtats très instables observés en physique nucléaire ; désintégration par émission de neutrons ou radioactivité β.

Configuration électronique et couches électroniques

N.B. :
Les couches électroniques : Comment les électrons s'organisent autour du noyau.

Le bore possède 5 électrons répartis sur deux couches électroniques. Sa configuration électronique complète est : 1s² 2s² 2p¹, ou de manière simplifiée : [He] 2s² 2p¹. Cette configuration peut aussi s'écrire : K(2) L(3).

Structure détaillée des couches

Couche K (n=1) : contient 2 électrons dans la sous-couche 1s. Cette couche interne est complète et très stable.
Couche L (n=2) : contient 3 électrons répartis en 2s² 2p¹. Les orbitales 2s sont complètes, tandis que les orbitales 2p ne contiennent qu'un seul électron sur 6 possibles. Il manque donc 5 électrons pour atteindre la configuration stable du néon avec 8 électrons (octet).

Électrons de valence et états d'oxydation

Les 3 électrons de la couche externe (2s² 2p¹) constituent les électrons de valence du bore. Cette configuration explique ses propriétés chimiques :
En perdant ses 3 électrons de valence, le bore forme l'ion B³⁺ (degré d'oxydation +3), son état d'oxydation le plus courant et pratiquement exclusif dans ses composés ioniques.
Le bore peut également présenter des degrés d'oxydation de 0 (bore élémentaire) et parfois +1 ou +2 dans des composés spécifiques, mais ces états sont rares.
En raison de sa charge élevée et de sa petite taille, l'ion B³⁺ est très polarisant et le bore forme principalement des liaisons covalentes plutôt qu'ioniques.

La configuration électronique du bore, avec 3 électrons sur sa couche de valence, le place dans le groupe 13 du tableau périodique et marque la transition entre métaux et non-métaux. Cette structure lui confère des propriétés caractéristiques : le bore est un métalloïde (semi-métal) avec des propriétés intermédiaires entre métaux et non-métaux, il forme typiquement trois liaisons covalentes en partageant ses trois électrons de valence, et présente souvent une déficience électronique dans ses composés (moins de 8 électrons autour du bore). Le bore a une particularité notable : ses composés ne respectent généralement pas la règle de l'octet. Dans BF₃ par exemple, le bore ne possède que 6 électrons de valence, ce qui en fait un acide de Lewis (accepteur d'électrons). Cette déficience électronique rend le bore très réactif vis-à-vis des composés possédant des paires d'électrons libres. Le bore élémentaire existe sous plusieurs formes allotropiques, toutes caractérisées par des structures complexes en trois dimensions. L'importance du bore, bien que moins universelle que celle du carbone ou de l'azote, est significative dans plusieurs domaines : en métallurgie, il est utilisé comme agent durcissant dans les aciers et pour produire des alliages spéciaux ; le bore-10 est utilisé dans les réacteurs nucléaires comme absorbeur de neutrons grâce à sa grande section efficace de capture neutronique ; les composés du bore comme l'acide borique H₃BO₃ sont utilisés comme antiseptiques et insecticides ; le borax (tétraborate de sodium) est un composé industriel important utilisé dans les détergents, la fabrication du verre et la céramique ; les fibres de bore et le carbure de bore (B₄C) sont des matériaux extrêmement durs utilisés dans les blindages et applications haute performance ; le bore est également un micronutriment essentiel pour les plantes.

Réactivité chimique

Le bore possède trois électrons de valence et présente une chimie unique et complexe. En raison de sa petite taille atomique et de son électronégativité élevée (pour un élément du groupe 13), le bore forme principalement des liaisons covalentes plutôt qu'ioniques. Une caractéristique remarquable du bore est sa tendance à former des structures moléculaires avec des liaisons multicentres, où un nombre insuffisant d'électrons de valence est partagé entre plusieurs atomes (liaisons à trois centres et deux électrons).

Le bore élémentaire est relativement inerte à température ambiante grâce à une fine couche d'oxyde protectrice. À haute température, il réagit avec l'oxygène pour former l'oxyde de bore (B₂O₃), avec l'azote pour donner du nitrure de bore (BN), et avec les halogènes pour former des trihalogénures (BF₃, BCl₃). Les boranes (hydrures de bore) constituent une classe fascinante de composés avec des structures géométriques variées et inhabituelles. Le bore forme également des borures avec de nombreux métaux, dont certains possèdent une dureté exceptionnelle.

Dans ses composés, le bore se trouve principalement à l'état d'oxydation +3, bien que des états d'oxydation inférieurs existent dans certaines structures complexes. Le bore est essentiel pour les plantes et joue un rôle important dans la biochimie végétale, bien que son rôle exact chez les animaux reste encore débattu.

Applications industrielles et technologiques où le bore est utilisé

Rôle en astrophysique et cosmologie

Le bore, comme le béryllium et le lithium, n'a pas été produit en quantités significatives lors de la nucléosynthèse primordiale du Big Bang. L'univers primordial a sauté directement de l'hélium aux éléments plus lourds sans créer beaucoup de bore. Le bore présent dans l'univers actuel provient principalement de la spallation cosmique : la fragmentation d'atomes plus lourds (carbone, azote, oxygène) par collision avec des rayons cosmiques de haute énergie dans le milieu interstellaire.

L'abondance du bore dans les étoiles anciennes et les rayons cosmiques fournit des informations cruciales sur l'histoire et l'intensité des rayons cosmiques galactiques au cours de l'évolution de notre galaxie. Le rapport bore/carbone observé dans différentes régions de la galaxie permet de contraindre les modèles de propagation des rayons cosmiques et de mieux comprendre les processus énergétiques qui les accélèrent.

Dans les étoiles, le bore est rapidement détruit à des températures supérieures à environ 5 millions de kelvins par capture de protons, ce qui en fait un indicateur sensible des processus de mélange convectif dans les intérieurs stellaires. Les astronomes utilisent les observations du bore dans les atmosphères stellaires pour tester les modèles de rotation stellaire et de transport de matière dans les étoiles jeunes.

Le bore joue également un rôle dans la nucléosynthèse explosive lors des supernovae. Des réactions nucléaires impliquant le bore peuvent se produire dans les couches externes éjectées lors de l'explosion, contribuant à l'enrichissement chimique du milieu interstellaire. Le bore-8, un isotope radioactif instable, est produit dans le Soleil via la chaîne proton-proton et contribue au flux de neutrinos solaires détectés sur Terre, permettant aux physiciens de tester les modèles de l'intérieur solaire.

L'étude du rapport des isotopes bore-10/bore-11 dans les météorites primitives révèle des informations sur les conditions du disque protoplanétaire primitif et les processus de formation du système solaire. Les variations isotopiques du bore dans ces objets anciens témoignent des processus chimiques et physiques qui ont façonné notre système planétaire il y a 4,6 milliards d'années.

N.B. :
Les boranes constituent une famille fascinante de composés d'hydrogène et de bore avec des structures moléculaires inhabituelles. Le plus simple, le diborane (B₂H₆), possède une structure où des atomes d'hydrogène forment des « ponts » entre deux atomes de bore via des liaisons à trois centres et deux électrons. Cette chimie unique du bore a révolutionné notre compréhension de la liaison chimique et a valu à William Lipscomb le prix Nobel de chimie en 1976 pour ses travaux sur les boranes. Les boranes complexes peuvent former des cages polyédriques spectaculaires comme le dodécaborate (B₁₂H₁₂²⁻), une structure en icosaèdre d'une grande stabilité. Ces composés ont joué un rôle historique important dans le développement de la chimie théorique moderne et continuent d'inspirer la recherche en chimie des matériaux et en nanotechnologie.

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