
Le vanadium possède une histoire mouvementée marquée par plusieurs découvertes successives. En 1801, le minéralogiste mexicain Andrés Manuel del Río (1764-1849) découvre un nouvel élément dans un minerai de plomb du Mexique et le nomme érythronium en référence aux couleurs rouges de ses sels. Cependant, persuadé à tort par d'autres chimistes qu'il s'agissait simplement de chrome impur, del Río abandonne sa découverte. Ce n'est qu'en 1830 que le chimiste suédois Nils Gabriel Sefström (1787-1845) redécouvre indépendamment cet élément dans un minerai de fer suédois et le nomme vanadium, en l'honneur de Vanadis, déesse de la beauté dans la mythologie nordique, en raison de la variété et de la beauté des couleurs de ses composés. La même année, Friedrich Wöhler (1800-1882) confirme que l'érythronium de del Río était bien du vanadium. Le vanadium métallique pur ne fut isolé qu'en 1867 par Henry Enfield Roscoe (1833-1915) par réduction du chlorure de vanadium avec de l'hydrogène.
Le vanadium (symbole V, numéro atomique 23) est un métal de transition du groupe 5 du tableau périodique. Son atome possède 23 protons, généralement 28 neutrons (pour l'isotope le plus abondant \(\,^{51}\mathrm{V}\)) et 23 électrons avec la configuration électronique [Ar] 3d³ 4s².
À température ambiante, le vanadium est un métal solide gris argenté présentant un éclat brillant, moyennement dense (densité ≈ 6.11 g/cm³). Il possède une excellente résistance mécanique et une remarquable dureté. Le vanadium pur résiste bien à la corrosion grâce à la formation d'une couche d'oxyde protectrice à sa surface. Le point de fusion (état liquide) du vanadium : 2 183 K (1 910 °C). Le point d'ébullition (état gazeux) du vanadium : 3 680 K (3 407 °C).
| Isotope / Notation | Protons (Z) | Neutrons (N) | Masse atomique (u) | Abondance naturelle | Demi-vie / Stabilité | Décroissance / Remarques |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Vanadium-50 — \(\,^{50}\mathrm{V}\,\) | 23 | 27 | 49.947159 u | ≈ 0.250 % | ≈ 1.4 × 10¹⁷ ans | Radioactif à très longue demi-vie, décroissance β⁺ vers \(\,^{50}\mathrm{Ti}\) ou β⁻ vers \(\,^{50}\mathrm{Cr}\). Considéré comme quasi-stable. |
| Vanadium-51 — \(\,^{51}\mathrm{V}\,\) | 23 | 28 | 50.943960 u | ≈ 99.750 % | Stable | Isotope dominant du vanadium ; possède un moment magnétique nucléaire utilisé en RMN. |
| Vanadium-48 — \(\,^{48}\mathrm{V}\,\) | 23 | 25 | 47.952254 u | Synthétique | ≈ 15.97 jours | Radioactif, capture électronique vers \(\,^{48}\mathrm{Ti}\). Utilisé en recherche médicale et en imagerie. |
| Vanadium-49 — \(\,^{49}\mathrm{V}\,\) | 23 | 26 | 48.948516 u | Synthétique | ≈ 330 jours | Radioactif, capture électronique vers \(\,^{49}\mathrm{Ti}\). Utilisé comme traceur en sciences des matériaux. |
N.B. :
Les couches électroniques : Comment les électrons s'organisent autour du noyau.
Le vanadium possède 23 électrons répartis sur quatre couches électroniques. Sa configuration électronique complète est : 1s² 2s² 2p⁶ 3s² 3p⁶ 3d³ 4s², ou de manière simplifiée : [Ar] 3d³ 4s². Cette configuration peut aussi s'écrire : K(2) L(8) M(11) N(2).
Couche K (n=1) : contient 2 électrons dans la sous-couche 1s. Cette couche interne est complète et très stable.
Couche L (n=2) : contient 8 électrons répartis en 2s² 2p⁶. Cette couche est également complète, formant une configuration de gaz noble (néon).
Couche M (n=3) : contient 11 électrons répartis en 3s² 3p⁶ 3d³. Les orbitales 3s et 3p sont complètes, tandis que les orbitales 3d ne contiennent que 3 électrons sur 10 possibles.
Couche N (n=4) : contient 2 électrons dans la sous-couche 4s. Ces électrons sont les premiers à être impliqués dans les liaisons chimiques.
Les 5 électrons des couches externes (3d³ 4s²) constituent les électrons de valence du vanadium. Cette configuration explique sa chimie particulièrement riche :
En perdant les 2 électrons 4s, le vanadium forme l'ion V²⁺ (degré d'oxydation +2), donnant des composés violets.
En perdant les 2 électrons 4s et 1 électron 3d, il forme l'ion V³⁺ (degré d'oxydation +3), produisant des solutions vertes.
En perdant 4 électrons, il forme l'ion V⁴⁺ (degré d'oxydation +4), générant des composés bleus.
En perdant tous ses électrons de valence (4s² 3d³), il forme l'ion V⁵⁺ (degré d'oxydation +5), l'état le plus stable, donnant des composés jaunes.
La configuration électronique du vanadium, avec ses orbitales 3d partiellement remplies, lui confère des propriétés caractéristiques des métaux de transition : formation de composés colorés variés, activité catalytique importante, et capacité à exister sous de multiples états d'oxydation. Cette polyvalence chimique fait du vanadium un élément particulièrement intéressant pour les applications catalytiques et électrochimiques.
Le vanadium pur est relativement stable à température ambiante grâce à une couche d'oxyde protectrice. À température élevée, il réagit avec l'oxygène, l'azote, le carbone, le soufre et les halogènes. Le vanadium présente une chimie extrêmement riche avec cinq états d'oxydation stables (de +2 à +5), chacun caractérisé par une couleur distinctive en solution aqueuse. Le pentoxyde de vanadium (V₂O₅) est le composé le plus important industriellement, utilisé notamment comme catalyseur dans la production d'acide sulfurique. Le vanadium résiste à l'eau de mer, aux solutions salines et aux acides dilués, mais peut être attaqué par l'acide fluorhydrique, l'acide nitrique concentré et les bases alcalines à chaud.
Le vanadium est produit principalement dans les étoiles massives lors des phases avancées de fusion nucléaire, particulièrement pendant la combustion du silicium qui précède l'explosion en supernova. Il est également synthétisé lors des explosions de supernovae par le processus de capture de neutrons rapides (processus r). L'abondance de vanadium dans les étoiles et les météorites fournit des informations précieuses sur l'histoire de la nucléosynthèse galactique et l'évolution chimique de l'univers.
Les raies spectrales du vanadium (V I, V II) sont observées dans les spectres stellaires et permettent de déterminer la composition chimique, la température et la gravité de surface des étoiles. Dans les étoiles de type solaire, le vanadium est produit progressivement au cours de leur évolution. L'étude du rapport vanadium/fer dans les étoiles anciennes aide les astrophysiciens à comprendre les premiers stades d'enrichissement chimique de notre galaxie et à reconstituer l'histoire des générations stellaires successives. Le vanadium joue également un rôle dans la caractérisation des naines brunes et des exoplanètes géantes gazeuses, où il peut exister sous forme gazeuse dans les atmosphères chaudes.
N.B. :
Le vanadium est relativement abondant dans la croûte terrestre (environ 0,019 % en masse), ce qui le place au 20ᵉ rang des éléments les plus abondants. Il n'existe jamais à l'état natif mais se trouve combiné dans plus de 65 minéraux différents, dont la vanadinite [Pb₅(VO₄)₃Cl], la patronite (VS₄) et la carnotite [K₂(UO₂)₂(VO₄)₂·3H₂O]. La principale source industrielle de vanadium provient toutefois des scories de magnétite titanifère et des résidus de raffinage du pétrole. La Chine, la Russie et l'Afrique du Sud sont les principaux producteurs mondiaux. Le vanadium est considéré comme un métal stratégique en raison de son importance croissante dans les technologies de stockage d'énergie et la métallurgie des aciers haute performance.