
Le zinc métallique était utilisé bien avant sa reconnaissance officielle comme élément distinct. Des alliages de cuivre et de zinc (laiton) étaient fabriqués dès l'Antiquité sans que les artisans comprennent qu'ils travaillaient avec un métal spécifique. En Inde, la production de zinc métallique pur est attestée dès le XIIe siècle, en particulier dans la région du Rajasthan où un procédé de distillation sophistiqué était employé. En Europe, le métallurgiste allemand Andreas Sigismund Marggraf (1709-1782) est généralement crédité de la découverte scientifique du zinc en 1746, lorsqu'il réussit à isoler le métal par chauffage de la calamine (carbonate de zinc) avec du charbon. Le nom zinc pourrait provenir de l'allemand Zinke (pointe, dent) en référence à l'aspect pointu des cristaux de zinc, ou du persan sing (pierre).
Le zinc (symbole Zn, numéro atomique 30) est un métal de transition du groupe 12 du tableau périodique. Son atome possède 30 protons, généralement 34 neutrons (pour l'isotope le plus abondant \(\,^{64}\mathrm{Zn}\)) et 30 électrons avec la configuration électronique [Ar] 3d¹⁰ 4s².
À température ambiante, le zinc est un métal solide blanc-bleuâtre brillant, moyennement dense (densité ≈ 7.14 g/cm³). Il est relativement fragile à température ambiante mais devient malléable et ductile entre 100 et 150 °C, permettant alors de le laminer et de le façonner. Le zinc possède une excellente résistance à la corrosion atmosphérique grâce à la formation d'une couche protectrice d'oxyde et de carbonate de zinc à sa surface. Le point de fusion (état liquide) du zinc : 692.68 K (419.53 °C). Le point d'ébullition (état gazeux) du zinc : 1 180 K (907 °C).
| Isotope / Notation | Protons (Z) | Neutrons (N) | Masse atomique (u) | Abondance naturelle | Demi-vie / Stabilité | Décroissance / Remarques |
|---|---|---|---|---|---|---|
| Zinc-64 — \(\,^{64}\mathrm{Zn}\,\) | 30 | 34 | 63.929142 u | ≈ 49.17 % | Stable | Isotope dominant du zinc naturel. |
| Zinc-66 — \(\,^{66}\mathrm{Zn}\,\) | 30 | 36 | 65.926034 u | ≈ 27.73 % | Stable | Second isotope stable le plus abondant. |
| Zinc-68 — \(\,^{68}\mathrm{Zn}\,\) | 30 | 38 | 67.924844 u | ≈ 18.45 % | Stable | Troisième isotope stable du zinc. |
| Zinc-67 — \(\,^{67}\mathrm{Zn}\,\) | 30 | 37 | 66.927127 u | ≈ 4.04 % | Stable | Possède un moment magnétique nucléaire ; utilisé en spectroscopie RMN. |
| Zinc-70 — \(\,^{70}\mathrm{Zn}\,\) | 30 | 40 | 69.925319 u | ≈ 0.61 % | Stable | Isotope stable le plus rare et le plus lourd du zinc naturel. |
| Zinc-65 — \(\,^{65}\mathrm{Zn}\,\) | 30 | 35 | 64.929241 u | Synthétique | ≈ 244 jours | Radioactif, utilisé comme traceur en biologie et médecine pour étudier le métabolisme du zinc. |
N.B. :
Les couches électroniques : Comment les électrons s'organisent autour du noyau.
Le zinc possède 30 électrons répartis sur quatre couches électroniques. Sa configuration électronique complète est : 1s² 2s² 2p⁶ 3s² 3p⁶ 3d¹⁰ 4s², ou de manière simplifiée : [Ar] 3d¹⁰ 4s². Cette configuration peut aussi s'écrire : K(2) L(8) M(18) N(2).
Couche K (n=1) : contient 2 électrons dans la sous-couche 1s. Cette couche interne est complète et très stable.
Couche L (n=2) : contient 8 électrons répartis en 2s² 2p⁶. Cette couche est également complète, formant une configuration de gaz noble (néon).
Couche M (n=3) : contient 18 électrons répartis en 3s² 3p⁶ 3d¹⁰. Toutes les orbitales de cette couche sont complètes, conférant au zinc une grande stabilité électronique.
Couche N (n=4) : contient 2 électrons dans la sous-couche 4s. Ces deux électrons constituent les électrons de valence du zinc.
Les 2 électrons de la couche externe 4s² constituent les électrons de valence du zinc. Cette configuration explique ses propriétés chimiques :
Le zinc perd facilement ses deux électrons 4s pour former l'ion Zn²⁺ (degré d'oxydation +2), l'état d'oxydation quasi exclusif du zinc en chimie.
La configuration résultante [Ar] 3d¹⁰ est particulièrement stable avec une sous-couche 3d complètement remplie, ce qui explique pourquoi le zinc forme presque toujours des composés au degré +2.
Des états d'oxydation +1 existent dans de rares composés organométalliques, mais l'état +2 domine largement la chimie du zinc.
La configuration électronique du zinc, avec sa sous-couche 3d complète et ses deux électrons 4s, le place à la frontière entre les métaux de transition et les métaux post-transitionnels. Certains chimistes ne le considèrent pas comme un véritable métal de transition car sa sous-couche d est complète dans tous ses états d'oxydation courants. Cette configuration stable explique pourquoi les composés de zinc sont généralement incolores (contrairement aux métaux de transition typiques) et diamagnétiques.
Le zinc est un métal modérément réactif. À température ambiante, il se recouvre rapidement d'une fine couche d'oxyde de zinc (ZnO) qui le protège de l'oxydation ultérieure. Cette couche protectrice rend le zinc résistant à la corrosion atmosphérique, propriété exploitée dans la galvanisation de l'acier. Le zinc réagit avec les acides dilués en libérant de l'hydrogène gazeux et en formant des sels de zinc : Zn + 2H⁺ → Zn²⁺ + H₂. Il est amphotère, réagissant également avec les bases fortes pour former des zincates : Zn + 2OH⁻ + 2H₂O → [Zn(OH)₄]²⁻ + H₂. À haute température, le zinc brûle dans l'air avec une flamme blanc-bleuâtre brillante en formant de l'oxyde de zinc. Le zinc réagit avec les halogènes, le soufre et de nombreux autres non-métaux, particulièrement lorsqu'il est chauffé.
Le zinc est synthétisé dans les étoiles massives par divers processus de nucléosynthèse. Il se forme principalement lors de la combustion explosive du silicium pendant les explosions de supernovae, ainsi que par les processus de capture de neutrons lents (processus s) dans les étoiles de la branche asymptotique des géantes (AGB). Les cinq isotopes stables du zinc (\(\,^{64}\mathrm{Zn}\), \(\,^{66}\mathrm{Zn}\), \(\,^{67}\mathrm{Zn}\), \(\,^{68}\mathrm{Zn}\), \(\,^{70}\mathrm{Zn}\)) sont produits par ces mécanismes et dispersés dans le milieu interstellaire lors des événements cataclysmiques.
L'abondance du zinc dans les étoiles anciennes pauvres en métaux est particulièrement intéressante pour les astronomes. Le rapport zinc/fer ([Zn/Fe]) est utilisé comme indicateur des conditions de nucléosynthèse dans l'univers primordial, car le zinc et le fer sont produits par des processus différents. Les étoiles très anciennes montrent souvent un enrichissement relatif en zinc par rapport au fer, suggérant que les premières supernovae avaient des caractéristiques distinctes des explosions stellaires actuelles. Les raies d'absorption du zinc ionisé (Zn II) dans les spectres des quasars lointains permettent d'étudier la composition chimique des nuages de gaz intergalactiques et l'enrichissement en métaux de l'univers jeune.
N.B. :
Le zinc est présent dans la croûte terrestre à une concentration d'environ 0,0078 % en masse, ce qui en fait le 24ᵉ élément le plus abondant. Il se trouve principalement dans des minerais comme la sphalérite ou blende de zinc (ZnS), la smithsonite (ZnCO₃), l'hémimorphite (Zn₄Si₂O₇(OH)₂·H₂O) et la zincite (ZnO). Le zinc natif (métallique pur) est extrêmement rare dans la nature. L'extraction du zinc se fait principalement par grillage du minerai de sulfure suivi d'une réduction (procédé pyrométallurgique) ou par lixiviation et électrolyse (procédé hydrométallurgique). Le zinc est entièrement recyclable sans perte de propriétés, et environ 30% de la production mondiale provient du recyclage, principalement de la récupération de l'acier galvanisé et des alliages de laiton.