Avant le XXe siècle, l’espace et le temps étaient considérés comme des entités distinctes : l’espace était absolu, structurant les distances, tandis que le temps s’écoulait de manière uniforme. Autrement dit, l’espace était une scène rigide où tout se déployait, et le temps, un métronome infaillible qui battait la mesure sans jamais ralentir ni accélérer.
Cette vision newtonienne fut bouleversée en 1905 par la théorie de la relativité restreinte d’Albert Einstein (1879-1955), qui démontra que les mesures d’espace et de temps dépendent du référentiel de l’observateur, c'est-à-dire, de la position et au mouvement de celui qui regarde. Désormais, les événements doivent être décrits dans un cadre unifié à quatre dimensions : trois d’espace et une de temps.
Notre cerveau a été sélectionné pour naviguer dans un monde à trois dimensions spatiales et un temps linéaire. Or, la relativité nous impose d’imaginer quatre dimensions entremêlées, où l’espace et le temps ne sont plus indépendants, c'est cela qui est impossible.
Nous ne pouvons pas "voir" la quatrième dimension directement, seulement en analogies limitées en 3D et aucune image seule n’est suffisante.
Aucune analogie ne capture parfaitement les 4 dimensions + la courbure. Cependant, nous pouvons projeter des modèles mathématiques.
Dans la relativité restreinte, la relation entre l’espace et le temps est exprimée par l’invariance de l’intervalle d’espace-temps \(s^2\). \(s^2\) mesure la "distance" (séparation spatiale et temporelle) entre deux événements A et B dans l’espace-temps. Même si différents observateurs peuvent ne pas être d’accord sur la durée ou la distance qui les séparent, la combinaison des deux, donnée par \(s^2\), reste la même pour tous. C’est la règle de mesure universelle de l’espace-temps.
Cette expression est utilisée pour déterminer la nature de la séparation entre deux événements dans l'espace-temps. \[ \Delta s^2 = c^2\Delta t^2 - \Delta x^2 - \Delta y^2 - \Delta z^2 \] Cela signifie qu’un accroissement de la composante spatiale entraîne une diminution de la composante temporelle, et inversement.
Cela se produit lorsque la différence temporelle entre les deux événements est suffisamment grande pour que \(c^2\Delta t^2\) soit supérieur à la somme des carrés des différences spatiales \(\Delta x^2 + \Delta y^2 + \Delta z^2\).
Dans ce cas, les deux événements peuvent être reliés par un signal voyageant à une vitesse inférieure ou égale à la vitesse de la lumière. Cela signifie qu'un événement peut influencer l'autre de manière causale.
Les événements sont dits "séparés de manière temporelle", et il existe un référentiel dans lequel les deux événements se produisent au même endroit spatial, mais à des moments différents.
Cela se produit lorsque la somme des carrés des différences spatiales \(\Delta x^2 + \Delta y^2 + \Delta z^2\) est supérieure à \(c^2\Delta t^2\).
Dans ce cas, aucun signal ne peut voyager assez vite pour relier les deux événements sans dépasser la vitesse de la lumière. Les événements ne peuvent pas s'influencer causalement.
Les événements sont dits "séparés de manière spatiale", et il existe un référentiel dans lequel les deux événements se produisent au même moment temporel, mais à des endroits spatiaux différents.
\(\Delta s^2 > 0\) indique une séparation temporelle où une influence causale est possible, tandis que \(\Delta s^2 < 0\) indique une séparation spatiale où aucune influence causale n'est possible.
Le cône de lumière est la représentation graphique de toutes les trajectoires possibles que peut prendre la lumière depuis un événement donné. C'est la limite ultime de ce qui peut nous influencer et de ce que nous pouvons influencer.
Dans les trous noirs ou dans l’univers en expansion, l'interchangeabilité entre l'espace et le temps devient extrême : à l’horizon d’un trou noir, le temps se "fige" pour l’observateur distant, tandis que la coordonnée radiale devient temporelle. Dans l’univers primordial, où l’expansion de l’espace est rapide, le temps cosmique s’écoule plus lentement à mesure que l’espace "grandit". C’est une véritable dynamique compensée : l’expansion spatiale absorbe du temps.
Ainsi, dans la physique relativiste, l’espace n’est pas indépendant du temps : ce sont deux faces d’une même entité. Une variation dans l’un implique une réponse dans l’autre, un peu comme deux variables conjuguées d’un système à somme constante. On pourrait dire : "quand l’espace s’étend, le temps ralentit".
Le concept d’espace-temps permet de prédire des phénomènes mesurables : déviation de la lumière par les étoiles (lensing), dilatation du temps (temps plus lent en gravité forte), ou encore l’existence des ondes gravitationnelles, détectées pour la première fois en 2015 par LIGO. Ces ondulations dans l’espace-temps confirment que celui-ci est dynamique, déformable, ondulant comme une membrane cosmique.
À l’échelle quantique ou cosmologique, l’espace-temps pourrait présenter des structures encore plus exotiques : trous de ver, fluctuations quantiques, ou "mousse" d’espace-temps selon la gravité quantique. Ces recherches sont à la frontière de la physique théorique, entre relativité générale et mécanique quantique.
Modèle | Nature du Temps | Nature de l’Espace | Interaction Gravitationnelle |
---|---|---|---|
Physique classique (Newton) | Absolu et universel | Fixe, tridimensionnel | Force instantanée à distance |
Relativité restreinte | Relatif au référentiel | Fusionné avec le temps (4D) | Pas de gravité |
Relativité générale | Courbé par la matière | Flexible, courbe, dynamique | Déformation géométrique |
Sources : Einstein Papers Project, LIGO Caltech, Scientific American – Einstein & Spacetime.
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