La force électrofaible désigne l’unification théorique de deux des quatre interactions fondamentales : l’interaction électromagnétique (transmise par le photon) et l’interaction faible (transmise par les bosons W⁺, W⁻ et Z⁰). Cette unification, proposée par les physiciens Sheldon Lee Glashow (1932-), Abdus Salam (1926-1996) et Steven Weinberg (1933-2021) entre 1967 et 1979, est l’un des piliers du Modèle Standard de la physique des particules. À haute énergie (supérieures à ~100 GeV), l’interaction faible et l’électromagnétisme ne sont plus distinguables : elles proviennent d’un même cadre de symétrie, basé sur les champs de jauge \(\mathrm{SU}(2)_L \times \mathrm{U}(1)_Y\), unifiés avant la brisure de symétrie par le champ de Higgs. Après la brisure de symétrie par le champ de Higgs, elles se séparent en deux forces distinctes.
L’interaction faible est l’une des quatre interactions fondamentales de la nature, caractérisée par sa capacité à transformer la nature même des particules, notamment au sein des noyaux atomiques. Elle se manifeste par des phénomènes tels que la désintégration bêta et la diffusion de neutrinos, et se distingue par sa portée extrêmement courte et ses médiateurs massifs.
L’interaction faible agit sur les fermions — leptons et quarks — en modifiant leurs saveurs (types), ce qui n’est possible par aucune autre force fondamentale. Cette interaction est médiée par trois bosons vectoriels massifs : W+, W-, et Z0. La masse élevée de ces bosons (environ 80,4 à 91,2 GeV/c²) restreint fortement la portée de l’interaction à environ 10-18
mètres, soit mille fois plus petite que la taille d’un proton.
Les interactions faibles provoquent des processus dits « chargés » (via W±) et « neutres » (via Z0) :
Formellement, l’interaction faible s’inscrit dans la théorie de jauge non abélienne associée au groupe SU(2)L
, ce qui implique que seuls les fermions gauchers (chiralité gauche) sont affectés. Cette propriété introduit une violation fondamentale de la symétrie par inversion spatiale (parité), observée expérimentalement dans les années 1950.
Au-delà des processus microscopiques, l’interaction faible joue un rôle crucial dans la physique des étoiles, notamment dans les réactions de fusion qui alimentent le Soleil, et dans la synthèse des éléments lourds par désintégration radioactive. Elle est également impliquée dans l’asymétrie matière-antimatière et l’évolution thermique de l’Univers primordial.
Le cadre de l’unification électrofaible s’appuie sur la symétrie de jauge \( SU(2)_L \times U(1)_Y \). Ce groupe de jauge prédit quatre bosons médiateurs : \( W^1, W^2, W^3 \) (issus de SU(2)) et \( B^0 \) (issu de U(1)). Après brisure spontanée de symétrie via le mécanisme de Higgs, ces bosons se recombinent pour donner :
Ce processus est gouverné par un angle fondamental : l’angle de Weinberg \( \theta_W \), qui explique pourquoi le photon est sans masse et responsable de l’électromagnétisme et le boson Z est massif et neutre, lié à l’interaction faible.
Dans l’univers primordial, où la température dépassait \( 10^{15} \,\text{K} \), l’interaction électromagnétique et l’interaction faible étaient unifiées. À mesure que l’univers s’est refroidi, une transition de phase s’est produite, provoquant la brisure spontanée de symétrie électrofaible. Le champ de Higgs, en interagissant avec les bosons vecteurs, leur a conféré une masse. Le photon, quant à lui, reste sans masse car il n’interagit pas avec le champ de Higgs.
La force électrofaible constitue un lien fondamental unifiant deux phénomènes apparemment distincts : la lumière, portée par le photon de l’électromagnétisme, et la radioactivité, manifestation de l’interaction faible. Cette unification repose sur un cadre mathématique commun \( SU(2)_L \times U(1)_Y \) où, à haute énergie, les différences entre les interactions s’estompent et émergent d’un même champ de jauge.
Ce « pont » révèle que la lumière visible et les processus de désintégration radioactive partagent une origine commune dans la physique des champs quantiques, différenciée uniquement par la brisure spontanée de symétrie induite par le champ de Higgs. Par conséquent, la force électrofaible incarne l’élégance et la cohérence du Modèle Standard, tout en ouvrant la voie à des théories plus unifiées cherchant à décrire l’ensemble des forces fondamentales.