fr en es pt
astronomie
Astéroïdes et Comètes Constellations Eclipses Eléments Chimiques Environnement Étoiles Enfants Équations Évolution Exoplanètes Galaxies Lumière Lunes Matière Nébuleuses Planètes et Planètes Naines Scientifiques Soleil Sondes et Télescopes Terre Trous Noirs Univers Volcans Zodiaque Nouveaux Articles Shorts Archives
Contacter l'auteur
RSS astronoo
Suivez-moi sur Bluesky
Suivez-moi sur Pinterest
Français
English
Español
Português
 


Dernière mise à jour 30 mai 2025

Orbites des Astéroïdes Géocroiseurs : Quand les Astéroïdes Frôlent la Terre

Orbites des Astéroïdes Géocroiseurs

Les Géocroiseurs

Les astéroïdes géocroiseurs, ou NEO (Near-Earth Objects), sont des objets célestes dont l’orbite traverse ou frôle celle de la Terre. Leur orbite est caractérisée par un périgée inférieur à 1,3 unité astronomique (UA) soit 195 000 000 km. Ces objets sont divisés principalement en quatre familles selon leurs paramètres orbitaux : les Amors (orbite extérieure à celle de la Terre), les Apollos et les Atens (orbites coupant celle de la Terre), et les Atiras (entièrement à l’intérieur de l’orbite terrestre).

Astéroïdes Géocroiseurs : Les Quatre Familles

Les Amors sont des astéroïdes proches de la Terre mais dont l’orbite reste extérieure à celle de notre planète. Leur périhélie (point le plus proche du Soleil) est compris entre 1,017 UA (distance minimale Terre-Soleil) et 1,3 UA. Bien qu’ils ne croisent pas directement l’orbite terrestre, ils sont considérés comme des objets proches (NEO) car ils peuvent être perturbés par les planètes intérieures et devenir à terme des géocroiseurs effectifs. Exemples : 1221 Amor ou 433 Eros.

Les Apollos constituent la famille la plus nombreuse des géocroiseurs. Ils possèdent un demi-grand axe supérieur à 1 UA et une orbite qui coupe celle de la Terre. Leur périhélie est inférieur à 1,017 UA, ce qui signifie qu’ils passent à l’intérieur de l’orbite terrestre. Leur excentricité orbitale est souvent élevée, les rendant sensibles aux perturbations gravitationnelles. Exemple célèbre : 1862 Apollo, qui a donné son nom à la famille.

Les Atens ont un comportement orbital inverse de celui des Apollos. Leur demi-grand axe est inférieur à 1 UA mais leur aphélie dépasse 1 UA, ce qui les amène également à croiser l’orbite terrestre. Leurs passages sont plus fréquents à proximité de la Terre car leur période orbitale est inférieure à une année. Du fait de leur courte période, ils représentent une classe d’intérêt stratégique pour les missions spatiales. Exemple : 2062 Aten.

Les Atiras (parfois appelés astéroïdes Apohele ou IEO pour Inner Earth Object) sont les plus rares et difficiles à détecter. Leur orbite est entièrement contenue à l’intérieur de celle de la Terre, avec un aphélie inférieur à 0,983 UA. Ces objets n’interagissent pas actuellement avec la Terre, mais leur proximité du Soleil rend leur observation délicate depuis le sol. Ils suscitent un intérêt croissant dans la surveillance spatiale. Exemple : 163693 Atira.

Astéroïdes : Des Orbites Cchaotiques et Instables

Les orbites des géocroiseurs sont souvent fortement elliptiques, parfois inclinées, et sensibles aux perturbations gravitationnelles, en particulier par les planètes géantes comme Jupiter. Ces interactions modifient progressivement leur trajectoire au fil du temps, un phénomène modélisé par les équations de Gauss et l’intégration numérique des équations de mouvement. Un astéroïde dont le paramètre de distance minimale d’intersection orbitale (MOID) avec la Terre est inférieur à 0,05 UA (7 500 000 km) est classé comme PHA (Potentially Hazardous Asteroid).

Pourquoi un astéroïde à moins de 0,05 UA est-il jugé potentiellement dangereux ?

La classification d’un PHA (Potentially Hazardous Asteroid) repose sur des critères géométriques, énergétiques et dynamiques, indépendamment de sa distance actuelle. Le seuil de 0,05 UA (soit 7 479 894 km) correspond à une distance minimale d’intersection de l’orbite terrestre (MOID) suffisamment faible pour représenter une menace potentielle à long terme. Cette valeur n'indique pas un danger immédiat, mais une configuration orbitale a priori favorable à une collision future si d'autres conditions dynamiques sont réunies.

Ce critère géométrique reflète la possibilité qu’un astéroïde croise effectivement l’orbite de la Terre à un moment donné, sous l’influence de perturbations gravitationnelles (notamment de Jupiter ou de Mars) ou d’effets non gravitationnels comme l'effet Yarkovsky. Ainsi, même si l’astéroïde se trouve actuellement très loin, un alignement spatio-temporel Terre-astéroïde pourrait se produire à l’avenir.

Un astéroïde ≥140 m de diamètre, franchissant cette limite de 0,05 UA, présente une énergie cinétique d’impact potentielle de l’ordre de 1017 J, soit environ 100 mégatonnes de TNT. Cela équivaut à plus de 7 000 fois la bombe d’Hiroshima. À une vitesse relative typique de 20 km/s, un tel objet mettrait seulement 4,3 jours pour parcourir 7,5 millions de kilomètres. Le faible délai d’alerte justifie une surveillance constante.

Enfin, les orbites des géocroiseurs sont chaotiques sur le long terme. Une MOID initiale de 0,049 UA peut, sous l'effet de résonances orbitales ou de perturbations successives, évoluer rapidement vers une MOID inférieure au rayon terrestre. Cette instabilité justifie l’emploi du seuil de 0,05 UA comme barrière de précaution scientifique. Un PHA est donc un objet dont les caractéristiques orbitales actuelles le rendent potentiellement dangereux dans les décennies ou siècles à venir.

Observation et prédiction des trajectoires

Grâce à des programmes comme CNEOS (Center for Near Earth Object Studies), les orbites des géocroiseurs sont surveillées avec précision. Le calcul de leur orbite repose sur l’observation astrométrique et la résolution des équations de Kepler perturbées :

$$ r(t) = \frac{a(1 - e^2)}{1 + e \cos(\theta)} $$

où \( a \) est le demi-grand axe, \( e \) l’excentricité, et \( \theta \) l’anomalie vraie. Ce modèle est ensuite corrigé pour inclure les perturbations et effets non-gravitationnels comme l’effet Yarkovsky.

Quand les Astéroïdes Frôlent la Terre : Des Approches Inquiétantes

Chaque année, plusieurs dizaines d’astéroïdes s’approchent de la Terre à des distances inférieures à celle de la Lune. Ces événements, appelés approches rapprochées (close approaches), sont surveillés de près par les centres de suivi comme le CNEOS de la NASA. Un frôlement d’astéroïde est défini par une MOID extrêmement basse et une conjonction temporelle avec l’orbite terrestre. Si l’objet est de grande taille ou passe à moins de quelques dizaines de milliers de kilomètres, la situation devient critique.

Le cas de l’astéroïde 2020 QG est emblématique. Ce petit objet d’environ 5 à 10 mètres de diamètre est passé à seulement 2 950 km de la surface terrestre, le 16 août 2020. C’est le frôlement le plus proche jamais observé pour un astéroïde non impacteur. Il a été détecté après son passage, mettant en lumière les limites de notre système de détection, en particulier pour les objets de faible albédo approchant depuis la direction du Soleil.

Un autre cas marquant est celui de 2004 FU162, un astéroïde de 6 mètres détecté quelques heures seulement avant son passage à 6 500 km de la Terre le 31 mars 2004. À cette distance, la gravité terrestre a modifié significativement son orbite. Ces perturbations gravitationnelles peuvent transformer un passage bénin en une trajectoire future préoccupante.

Enfin, le passage de l’astéroïde 2023 BU le 26 janvier 2023 est un exemple spectaculaire. Cet objet de 3 à 5 mètres a frôlé la Terre à une altitude de 3 600 km au-dessus de l’Amérique du Sud. Ce survol extrêmement proche s’est produit à l’intérieur de l’orbite des satellites géostationnaires. Bien que trop petit pour causer des dégâts au sol, 2023 BU aurait pu perturber ou heurter un satellite stratégique. Cet événement souligne l’importance d’un réseau global de détection à courte portée.

Défense Planétaire : Sommes-nous Prêts à Stopper un Astéroïde ?

Pour anticiper les risques, des missions comme DART (NASA, 2022) visent à tester la déviation d’un astéroïde.

Une menace réelle mais rare

La probabilité qu’un astéroïde de grande taille entre en collision avec la Terre à court terme reste extrêmement faible. Comme les conséquences d’un impact seraient cataclysmiques, les scientifiques scrutent le ciel à la recherche d’objets géocroiseurs (NEO : Near-Earth Objects).

Identifier la menace : la surveillance des NEO

Les programmes NEOCC de l’ESA et CNEOS de la NASA suivent plus de 30 000 objets proches de la Terre. Le Large Synoptic Survey Telescope (LSST) de Vera Rubin (1928-2016), actif à partir de 2025, promet de cartographier encore plus efficacement le ciel nocturne. Grâce à la méthode des éléments orbitaux keplériens, chaque NEO est suivi avec une précision croissante. Cependant, les petits objets de quelques dizaines de mètres restent les plus difficiles à détecter, bien qu’ils soient suffisamment grands pour causer des dégâts régionaux (comme l’événement de Toungouska en 1908).

DART : la première mission de déviation

Le 26 septembre 2022, la NASA a lancé un test grandeur nature : la mission DART (Double Asteroid Redirection Test). L’objectif était de modifier la trajectoire de Dimorphos, un astéroïde de 160 m orbitant autour de Didymos, en le percutant à plus de 6 km/s. Résultat : l’orbite de Dimorphos a été raccourcie de 33 minutes, une preuve expérimentale que l’on peut altérer la trajectoire d’un astéroïde par impact cinétique.

Cette mission repose sur un principe simple mais exigeant : la conservation de la quantité de mouvement. Un impact à grande vitesse transfère une impulsion suffisante pour légèrement modifier l’orbite d’un corps céleste. Même un petit changement, appliqué suffisamment tôt, peut suffire à éviter une collision avec la Terre des années plus tard.

Stratégies de Ddéfense

Sommes-nous prêts ?

Sur le plan technologique, la mission DART a montré que nous savons détecter, suivre et impacter un astéroïde. Cependant, plusieurs limites persistent :

Face à un danger cosmique aussi imprévisible, nous ne sommes pas encore prêts, mais chaque avancée, chaque mission, nous rapproche de la capacité à protéger notre planète. Ce défi technologique et organisationnel mondial doit être relevé.

Articles sur le même thème

Effet Yarkovsky sur les astéroïdes Effet Yarkovsky sur les astéroïdes
Arrokoth, le bonhomme de neige rouge Arrokoth, le bonhomme de neige rouge
Les lacunes de Kirkwood dans la ceinture principale d'astéroïdes Les lacunes de Kirkwood dans la ceinture principale d'astéroïdes
Qu'est-ce que la ceinture d'astéroïdes ? Qu'est-ce que la ceinture d'astéroïdes ?
La grande comète de 1577 a brisé les sphères de cristal La grande comète de 1577 a brisé les sphères de cristal
Astéroïdes, la menace pour la vie Astéroïdes, la menace pour la vie
Météorites, objets extraterrestres Météorites, objets extraterrestres
Hartley 2 passe près de nous, tous les 6 ans Hartley 2 passe près de nous, tous les 6 ans
Collision entre 2 astéroïdes Collision entre 2 astéroïdes
Tir d'astéroïde, toujours plus près de la Terre Tir d'astéroïde, toujours plus près de la Terre
Apophis, la prochaine catastrophe Apophis, la prochaine catastrophe
L'astéroïde vesta L'astéroïde Vesta
Qu'est-ce qu'un astéroïde ? Qu'est-ce qu'un astéroïde ?
2012 et la comète ISON : entre promesse d’éclat et désillusion 2012 et la comète ISON : entre promesse d’éclat et désillusion
Les géants de la ceinture d’astéroïdes : classement par dimensions Les géants de la ceinture d’astéroïdes : classement par dimensions
Cratères d'impact sur la Terre Cratères d'impact sur la Terre
Rosetta a rendez-vous avec une comète Rosetta, rendez-vous avec une comète
Les astéroïdes géocroiseurs Les astéroïdes géocroiseurs
L'astéroïde 2009 DD45 nous envoie un signe L'astéroïde 2009 DD45 nous envoie un signe
D'où vient l'eau de la planète Terre ? D'où vient l'eau de la planète Terre ?
Astéroïde ou comète ? Astéroïde ou comète ?
2010 TK7, l'astéroïde troyen de la Terre 2010 TK7, l'astéroïde troyen de la Terre
Echelle de Turin : Une classification des risques d'impact Echelle de Turin : Une classification des risques d'impact
Modèle de Nice, le bombardement tardif Modèle de Nice, le bombardement tardif
Une fois de plus, nous ne l'avons pas vu Une fois de plus, nous ne l'avons pas vu
Comète Lemmon 2013 : Une visiteuse céleste de l'hémisphère sud Comète Lemmon 2013 : Une visiteuse céleste de l'hémisphère sud
Astéroïde 2012 DA14 : Caractéristiques Orbitales et Risques d’Impact Astéroïde 2012 DA14 : Caractéristiques Orbitales et Risques d’Impact
Défense planétaire avec Didymos et Dimorphos Défense planétaire avec Didymos et Dimorphos
Points de Lagrange,L1 L2 L3 L4 L5 Points de Lagrange,L1 L2 L3 L4 L5
Chariklo et ses deux anneaux étonnants Chariklo et ses deux anneaux étonnants
Rosetta et Philae Rosetta et Philae
Objets de la ceinture de Kuiper Objets de la ceinture de Kuiper
Cérès, le plus gros astéroïde Cérès, le plus gros astéroïde
Le passage périodique des comètes Le passage périodique des comètes
Le pôle sud arraché de l'astéroïde Vesta Le pôle sud arraché de l'astéroïde Vesta
La carte du ciel des astéroïdes s'éclaircit La carte du ciel des astéroïdes s'éclaircit
Les zones à astéroïdes et comètes Les zones à astéroïdes et comètes
Orbites des Astéroïdes Géocroiseurs : Quand les Astéroïdes Frôlent la Terre Orbites des Astéroïdes Géocroiseurs : Quand les Astéroïdes Frôlent la Terre
Les comètes vagabondes Les comètes vagabondes
L'astéroïde Pallas : Un géant de la ceinture principale L'astéroïde Pallas : Un géant de la ceinture principale
Astéroïde Junon : un géant méconnu du système solaire Astéroïde Junon : un géant méconnu du système solaire
Ganymède (1036) : Géocroiseur et Mars-croiseur Ganymède (1036) : Géocroiseur et Mars-croiseur
Simulateur en ligne : Orbites des astéroïdes Simulateur en ligne : Orbites des astéroïdes
Simulateur en ligne : Orbites des Géocroiseurs Simulateur en ligne : Orbites des Géocroiseurs
L'enfer de l'Hadéen L'enfer de l'Hadéen
Existe-t-il des satellites naturels de satellites naturels ? Existe-t-il des satellites naturels de satellites naturels ?
Le quasi-satellite de la Terre 2016 HO3 Le quasi-satellite de la Terre 2016 HO3

1997 © Astronoo.com − Astronomie, Astrophysique, Évolution et Écologie.
"Les données disponibles sur ce site peuvent être utilisées à condition que la source soit dûment mentionnée."
Contact −  Mentions légales −  Sitemap Français −  Sitemap Complet −  Comment Google utilise les données