Avec ses 95 lunes confirmées en 2025, dont 4 découvertes par Galilée (1564-1642) en 1610, Jupiter constitue un véritable système planétaire miniature. Ce géant gazeux, 318 fois plus massif que la Terre, exerce une influence gravitationnelle si puissante qu'il capture des astéroïdes et comètes passant à proximité. Le système jovien forme une famille de satellites aux caractéristiques aussi variées que les planètes du système solaire. Les missions JUICE (ESA) et Juno (NASA) révèlent aujourd'hui des mondes océaniques, des volcans actifs et des atmosphères complexes, offrant un terrain d'étude idéal pour l'exobiologie et la planétologie comparée.
Satellite | Diamètre (km) | Distance à Jupiter (103 km) | Période orbitale (jours) | Caractéristiques remarquables | Type/Groupe |
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Ganymède | 5 262,4 ± 0,2 | 1 070,4 | 7,1546 | Plus grande lune du système solaire. Champ magnétique propre (0,718 μT). Océan salé entre deux couches de glace (profondeur estimée : 100 km). Surface mixte de terrains clairs et sombres. | Régulier (galiléen) |
Callisto | 4 820,6 ± 0,2 | 1 882,7 | 16,6890 | Surface la plus cratérisée du système solaire. Cratère Valhalla (3 800 km de diamètre). Possible océan souterrain à 150 km de profondeur. Albédo : 0,22. | Régulier (galiléen) |
Io | 3 643,2 ± 0,3 | 421,8 | 1,7691 | Corps le plus actif volcaniquement du système solaire (> 400 volcans actifs). Composition : silicate et composés soufrés. Temp. max : 2 000 K. Plus de 100 montagnes (certaines plus hautes que l'Everest). | Régulier (galiléen) |
Europe | 3 121,6 ± 0,2 | 671,1 | 3,5512 | Océan souterrain global (100 ± 20 km de profondeur). Surface jeune (30-80 Ma) avec fractures de glace. Albédo élevé : 0,67. Pressions de marée générant de la chaleur interne. | Régulier (galiléen) |
Amalthée | 166,7 × 98,3 × 93,6 | 181,37 | 0,4982 | Forme allongée. Surface rougeâtre (dépôts de soufre éjectés par Io). Temp. surface : 110 ± 10 K. Cratères géants (Pan, Gaea) par rapport à sa taille. | Régulier (groupe d'Amalthée) |
Himalia | 85 ± 5 | 11 460 | 250,56 | Plus grand membre du groupe Himalia. Orbite prograde irrégulière. Composition similaire aux astéroïdes de type C. Découverte en 1904 par Perrine. | Irrégulier (groupe Himalia) |
Élara | 80 ± 5 | 11 740 | 259,64 | Deuxième plus grande lune du groupe Himalia. Albédo : 0,04. Période de rotation : ~12h. Possible objet capturé de la ceinture d'astéroïdes. | Irrégulier (groupe Himalia) |
Thébé | 98,6 × 97,6 × 82,6 | 221,89 | 0,6745 | Cratère Zethus (40 km de diamètre, soit ~40% du diamètre de la lune). Contribue à l'anneau gossamer externe. Forme irrégulière marquée. | Régulier (groupe d'Amalthée) |
Pasiphaé | 58 ± 2 | 23 620 | 743,63 | Plus grande lune rétrograde. Orbite très inclinée (151,4°). Composition : probablement un astéroïde capturé. Famille de 17 lunes irrégulières. | Irrégulier (groupe Pasiphaé) |
Métis | 43 ± 2 | 127,96 | 0,2948 | Lune la plus interne. Orbite en 7h05m. Source principale de l'anneau principal de Jupiter. Surface couverte de cratères d'impact profonds. | Régulier (groupe d'Amalthée) |
Adrastée | 16,4 × 14,0 × 12,0 | 128,98 | 0,2983 | Plus petite lune du système jovien. Forme irrégulière. Orbite à la limite externe de l'anneau principal. Découverte par les images de Voyager 2. | Régulier (groupe d'Amalthée) |
Carpo | 3 ± 0,5 | 17 150 | 458,62 | Orbite prograde incliné à 51°. Possible fragment de collision. Découverte en 2003. Magnitude absolue : 16,9. | Irrégulier (isolé) |
S/2003 J 2 | 2 ± 0,5 | 28 570 | 982,5 | Lune irrégulière extrême. Orbite très excentrique (e=0,38). Appartient au groupe Pasiphaé. Période de rotation inconnue. | Irrégulier (groupe Pasiphaé) |
Valétudo | 1,0 ± 0,3 | 19 000 | 533,3 | Orbite "suicidaire" croisant des lunes rétrogrades. Risque élevé de collision future. Nommée d'après la déesse romaine de la santé. | Irrégulier (isolé) |
S/2018 J 2 | 1,5 ± 0,3 | 23 550 | 722,3 | Découverte en 2018. Appartient au groupe Pasiphaé. Une des plus petites lunes connues de Jupiter. Orbite rétrograde. | Irrégulier (groupe Pasiphaé) |
Sources : NASA Solar System Exploration (octobre 2025) ; JPL Small-Body Database ; Scott S. Sheppard (2025), Jupiter's Moons: A Comprehensive Review, Annual Review of Astronomy and Astrophysics ; Données du HST et VLT/ESO (2024).
Trois missions majeures vont révolutionner notre compréhension du système jovien d'ici 2035 :
Comme le souligne Michel Blanc (1954-), astrophysicien à l'IRAP : « Explorer Jupiter et ses lunes, c'est comme remonter le temps pour observer les conditions qui prévalaient dans le système solaire primitif, tout en préparant l'étude des systèmes exoplanétaires. »
Les Jupiters chauds (exoplanètes géantes proches de leur étoile) pourraient abriter des systèmes de lunes similaires. Les simulations de Nikku Madhusudhan (1981-) (Université de Cambridge) suggèrent que jusqu'à 27% de ces planètes pourraient avoir des lunes habitables dans la zone CHZ. Le télescope JWST a d'ailleurs détecté en 2024 des signatures potentielles de lunes autour de Kepler-1625b, à 8 000 années-lumière.
Le système jovien nous rappelle que la recherche de vie ne se limite pas aux planètes : les lunes, avec leurs océans cachés et leurs sources d'énergie internes, pourraient être les berceaux les plus probables pour une vie extraterrestre dans notre galaxie.