Miranda, l’un des cinq principaux satellites d’Uranus, fut découverte en 1948 par Gerard Kuiper (1905-1973). Avec un diamètre d’environ 470 km, cette petite lune se distingue par une surface chaotique, faite de fractures, de falaises abruptes et de formations géologiques disjointes appelées coronae. Cette géomorphologie complexe et apparemment aléatoire en fait un objet unique dans tout le système solaire. L’observation la plus détaillée de Miranda provient du survol de la sonde Voyager 2 en janvier 1986.
La surface de Miranda est un patchwork de terrains de différentes altitudes, textures et âges. Les coronae (structures ovales aux bords surélevés) pourraient être les manifestations d’un soulèvement interne provoqué par un réchauffement localisé du manteau, possiblement dû à un ancien épisode de résonance orbitale avec Umbriel ou Ariel. D'autres hypothèses suggèrent que Miranda aurait été brisée puis reconstituée par accrétion gravitationnelle, expliquant ainsi la juxtaposition désordonnée de terrains. On y trouve des falaises de plus de 20 km de haut comme Verona Rupes, ainsi que des canyons profonds et des traces possibles de cryovolcanisme.
Miranda orbite Uranus à environ 130 000 km, sur un plan équatorial très incliné par rapport à l’écliptique, conséquence de l'inclinaison extrême d'Uranus elle-même. Sa période orbitale est de 1,41 jour terrestre. Sa densité moyenne est d’environ 1,2 g/cm³, suggérant un mélange de glace d’eau et de silicates. Le faible échauffement dû aux forces de marée ne suffit pas à expliquer sa complexité géologique actuelle, sauf s’il y a eu dans le passé une migration orbitale résonante. Ce scénario renforce l'idée d'une histoire thermique et dynamique intense malgré sa taille modeste.
La diversité morphologique de Miranda en fait une cible prioritaire pour de futures missions d’exploration du système uranien. Elle constitue un laboratoire naturel pour étudier les mécanismes de resurfacing planétaire, la tectonique des glaces et l’évolution thermique des petits corps. Sa structure interne pourrait encore contenir des poches de chaleur ou des reliques d’un océan enfoui, ce qui soulève des questions fondamentales sur la capacité de satellites glacés à conserver une activité géologique sur des milliards d’années.