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Dernière mise à jour : 3 novembre 2025

Jupiter : Une Étoile Manquée au Cœur de notre Système

Jupiter, géante gazeuse vue par la sonde Juno

La plus massive des planètes

Avec une masse de \(1,898 \times 10^{27}\) kg, soit plus de 318 fois celle de la Terre, Jupiter domine le Système solaire par sa gravité et son influence orbitale. Son diamètre équatorial atteint 142 984 km, soit environ 11,2 fois celui de la Terre (12 742 km), ce qui en fait la plus grande planète du système solaire. Sa composition, à ≈70 % d’hydrogène et ≈20 % d’hélium, est proche de celle du Soleil, ce qui lui vaut le surnom d’« étoile manquée ». Pourtant, la pression et la température en son centre, bien que colossales, ne suffisent pas à déclencher la fusion thermonucléaire.

Composition moyenne de la planète Jupiter
ConstituantProportion massiqueLocalisation principaleRemarques
Hydrogène (H₂)≈ 71 – 74 %Enveloppe externe et couche métalliquePrincipal gaz de Jupiter ; devient métallique sous pression > 3 Mbar
Hélium (He)≈ 23 – 25 %Atmosphère et couches internesAppauvri dans la haute atmosphère à cause de la sédimentation vers le centre
Éléments lourds (O, C, N, Si, Fe, Mg, S, etc.)≈ 3 – 6 %Cœur rocheux et glacéReprésente 10 à 20 masses terrestres ; formé avant l’accrétion de gaz

Source : NASA – Mission Juno (2024), ESA – Mission JUICE.

Pourquoi Jupiter n’est pas devenue une étoile

Pour qu’un corps céleste amorce la fusion de l’hydrogène, il doit atteindre une masse critique d’environ 75 fois celle de Jupiter. Dans le cas contraire, la pression interne reste insuffisante pour que les protons surmontent leur répulsion électrostatique, condition nécessaire à la réaction \(\mathrm{H + H \rightarrow He}\). Ainsi, Jupiter est restée une planète géante gazeuse, possédant toutefois un cœur rocheux ou glacé d’environ 10 à 20 masses terrestres, recouvert d’une immense enveloppe d’hydrogène métallique. À l’intérieur de Jupiter, cette phase apparaît à des profondeurs d’environ 15 000 à 20 000 km sous la surface visible. L’hydrogène métallique y joue un rôle crucial dans la génération du champ magnétique interne, par effet dynamo. Sa transition partielle entre les états moléculaire et métallique contribue aussi à la libération d’énergie gravitationnelle et thermique qui alimente le rayonnement infrarouge de la planète.

N.B. :
L’hydrogène métallique est un état exotique de la matière prédit par Eugene Wigner (1902-1991) et Hillard Bell Huntington (1903-1989) en 1935. Sous des pressions supérieures à 3 millions d’atmosphères (≈ 3 Mbar), les atomes d’hydrogène perdent leurs électrons de valence, formant un réseau d’ions H⁺ plongé dans un « gaz d’électrons libres ». Ce comportement confère à l’hydrogène des propriétés métalliques : conductivité électrique élevée et réflexion optique comparable à celle d’un métal liquide.

Structure interne et énergie émise

Jupiter émet environ 1,7 fois plus d’énergie qu’elle n’en reçoit du Soleil. Cette énergie provient de la lente contraction gravitationnelle de la planète, un phénomène appelé mécanisme de Kelvin-Helmholtz. En se contractant très lentement, Jupiter convertit une partie de son énergie gravitationnelle en chaleur interne, qu’elle rayonne dans l’infrarouge.

Une atmosphère dynamique et violente

L’atmosphère de Jupiter se compose de couches nuageuses disposées en bandes parallèles à l’équateur. Ces bandes alternent entre zones claires et sombres, appelées respectivement zones et bandes. Des vents atteignant plus de 500 km/h y soufflent en permanence. La célèbre Grande Tache rouge est un gigantesque anticyclone de 12 000 km de diamètre (≈12 756 km pour la Terre), actif depuis plus de 300 ans selon les observations de Giovanni Cassini (1625-1712).

Les lunes de Jupiter : un système miniature

Le système jovien compte aujourd’hui plus de 95 satellites naturels confirmés, dont les quatre plus grands — Io, Europe, Ganymède et Callisto — furent découverts en 1610 par Galileo Galilei (1564-1642). Ces lunes galiléennes forment un ensemble dynamique qui rappelle à petite échelle un véritable système planétaire. Leur observation a d’ailleurs permis à Galilée de démontrer que tous les corps célestes ne tournent pas autour de la Terre, appuyant la validité du modèle héliocentrique de Copernic (1473-1543).

Principales lunes de Jupiter
Nom de la luneRayon (km)Distance moyenne à Jupiter (km)Caractéristiques principalesPersonnage mythologique
Io1 821421 800Lune la plus volcanique du Système solaire, surface jeune et sulfuréeNymphe aimée de Zeus (Jupiter), transformée en génisse pour échapper à Héra
Europe1 561671 100Surface glacée lisse, océan interne sous la glace, candidat à la vie microbiennePrincesse phénicienne enlevée par Zeus sous la forme d’un taureau blanc
Ganymède2 6341 070 400Plus grande lune du Système solaire, possède un champ magnétique et un océan interneJeune prince troyen enlevé par Zeus pour devenir l’échanson des dieux
Callisto2 4101 882 700Lune ancienne et cratérisée, noyau peu différencié, possible océan profondNymphe d’Artémis séduite par Zeus, transformée en ourse puis en constellation
Amalthée83181 400Lune irrégulière rougeâtre, très proche de Jupiter, éclairement thermique intenseChèvre nourricière de Zeus dans son enfance, symbole d’abondance
Himalia8511 480 000Lune irrégulière du groupe Himalia, orbite prograde inclinéeNymphe que Zeus rendit mère de trois fils
Elara4311 740 000Lune irrégulière, probablement un fragment capturéNymphe aimée de Zeus, mère du géant Tityos
Pasiphaé3023 500 000Lune rétrograde du groupe Pasiphaé, probable corps capturéÉpouse de Minos et mère du Minotaure, fille du Soleil Hélios
Sinope1923 860 000Petite lune rétrograde, de forme irrégulière, groupe PasiphaéPrincesse que Zeus voulut séduire, mais qu’elle trompa pour rester vierge
Lysithéa1811 720 000Lune irrégulière, orbite légèrement inclinéeNymphe aimée de Zeus, mère de Dionysos selon certaines versions

Au-delà de ces lunes géantes, de nombreux satellites irréguliers orbitent plus loin, souvent capturés par gravité. Leur distribution complexe renseigne sur les processus d’accrétion et de migration planétaire survenus il y a plus de 4,5 milliards d’années.

Jupiter, gardienne du système solaire

Un bouclier gravitationnel colossal

La masse colossale de Jupiter, équivalente à 318 fois celle de la Terre, confère à la planète un rôle fondamental dans la stabilité gravitationnelle du système solaire. Son immense champ gravitationnel agit comme un bouclier naturel pour les planètes internes, notamment la Terre, en déviant ou en capturant un grand nombre de comètes et d’astéroïdes potentiellement dangereux. Ce phénomène, appelé diffusion gravitationnelle, modifie la dynamique des petits corps issus de la ceinture d’astéroïdes et du nuage de Oort.

Un stabilisateur dynamique du système interne

Les simulations orbitales montrent que, sans Jupiter, le flux de projectiles interplanétaires vers la Terre serait multiplié par un facteur compris entre 10 et 100 selon les modèles (Horner et Jones, 2010). La planète agit également comme un stabilisateur dynamique : elle limite les perturbations orbitales de Mars et de la ceinture principale en absorbant une partie des résonances gravitationnelles.

Un architecte parfois dangereux

Cependant, son influence n’est pas uniquement protectrice. Certaines de ses résonances de Lindblad et de résonances de mouvement moyen peuvent au contraire déstabiliser des astéroïdes, les éjectant vers le système interne. Ainsi, Jupiter agit à la fois comme gardienne et architecte du système solaire, sculptant en permanence la distribution des orbites planétaires et des petits corps.

N.B. :
Le rôle protecteur de Jupiter reste débattu. Si la planète géante réduit la fréquence des impacts catastrophiques, elle peut aussi rediriger certains objets vers les planètes internes. Son effet global sur la probabilité d’impact dépend fortement des époques dynamiques et de la répartition des comètes à longue période.

Comparaison avec une véritable étoile

Pour comprendre la différence fondamentale entre Jupiter et une étoile comme le Soleil, il est utile de comparer leurs paramètres physiques essentiels.

Comparaison entre Jupiter et le Soleil
CaractéristiqueJupiterSoleilCommentaire
Masse\(1,898 \times 10^{27}\) kg\(1,989 \times 10^{30}\) kgIl faudrait 75 Jupiter pour atteindre la masse minimale d’une étoile rouge naine
Rayon71 492 km696 340 kmLe Soleil est presque dix fois plus grand
Température centrale≈ 20 000 K≈ 15 000 000 KLa fusion nucléaire requiert > 4 × 106 K
Source d’énergieContraction gravitationnelleFusion de l’hydrogèneLe Soleil transforme l’hydrogène en hélium, Jupiter non

N.B. :
Si la nébuleuse protosolaire avait été un peu plus massive dans sa région externe, le cœur de Jupiter aurait pu atteindre le seuil critique d’environ 13 masses joviennes. Mais le gaz disponible dans le disque circumsolaire, déjà appauvri par la formation du Soleil, n’a pas permis un effondrement gravitationnel complet. Jupiter est ainsi le produit d’une étoile inachevée, née d’un réservoir local trop peu dense pour s’allumer.

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