Vénus, souvent qualifiée de sœur jumelle de la Terre, possède une taille et une masse comparables. Pourtant, son environnement est radicalement différent. La température moyenne à sa surface atteint 470°C, suffisant pour faire fondre le plomb. Son atmosphère, composée à 96,5 % de dioxyde de carbone, exerce une pression 92 fois supérieure à celle de la Terre au niveau de la mer. La couverture nuageuse permanente, riche en acide sulfurique, bloque le rayonnement optique et agit comme une serre thermique d’une efficacité redoutable.
Ce contraste soulève une question majeure en planétologie : pourquoi deux planètes si semblables en apparence ont-elles évolué vers des climats si opposés ? L’effet de serre sur Vénus n’est pas simplement un effet climatique, mais un processus de rétroaction positive initié il y a des milliards d’années, qui a mené à une instabilité thermique irréversible. Des simulations climatiques indiquent que l’eau liquide aurait pu exister brièvement à la surface de Vénus avant que l’intensité du rayonnement solaire ne conduise à son évaporation, déclenchant un emballement de l’effet de serre.
L'atmosphère de Vénus, composée principalement de dioxyde de carbone avec des nuages d'acide sulfurique, est l'une des plus denses et inhospitalières du système solaire. Cette épaisse couverture crée un effet de serre extrême, faisant de Vénus la planète la plus chaude de notre système, avec des températures de surface dépassant les 450 °C. Malgré ces conditions infernales, les scientifiques cherchent à percer les secrets de cette atmosphère opaque, qui pourrait révéler des indices sur l'évolution climatique des planètes, y compris celle de la Terre.
Sous cette couche nuageuse impénétrable, invisible sur l'image de Magellan, Vénus garde jalousement ses secrets. Récemment, la détection de phosphine dans son atmosphère a relancé les débats sur une possible activité biologique ou géochimique inconnue. La phosphine est un composé chimique de formule PH3. C'est un gaz incolore, inflammable et très toxique, avec une odeur désagréable souvent comparée à celle de l'ail ou du poisson pourri.
Malgré une rotation extrêmement lente (un jour vénusien dure 243 jours terrestres) et dans le sens rétrograde, ses vents de haute altitude atteignent jusqu’à 360 km/h. Ce phénomène de super-rotation atmosphérique reste un sujet d’étude actif. Les mécanismes de transfert d’énergie entre la basse atmosphère et la haute mésosphère, ainsi que l'effet de marées thermiques dues au Soleil, pourraient jouer un rôle central.
De plus, l’absence de champ magnétique global accentue l’érosion atmosphérique par le vent solaire, bien que paradoxalement, Vénus conserve une atmosphère dense. Ceci suggère des apports internes continus, possiblement d’origine volcanique. En effet, plusieurs structures de surface identifiées par radar ressemblent à des caldeiras et des coulées basaltiques récentes. La question de l’activité volcanique actuelle est relancée par les données d'émissivité infrarouge obtenues par la sonde Venus Express.
La surface de Vénus est aujourd’hui stérile en raison de ses conditions extrêmes : températures supérieures à 450 °C, pression écrasante et atmosphère toxique. Toutefois, l’hypothèse d’une vie microbienne dans l’atmosphère vénusienne a été sérieusement envisagée, notamment dans les couches nuageuses situées entre 48 et 60 km d’altitude. À ces altitudes, la température varie entre 30 °C et 80 °C et la pression avoisine 1 atm, des conditions relativement proches de celles de la Terre.
L’intérêt pour cette zone dite « habitable » atmosphérique a été ravivé en 2020 par la détection controversée de phosphine (PH₃), une molécule que l'on associe sur Terre à des processus biologiques anaérobies. Bien que la détection reste sujette à caution, elle a ouvert un débat fondamental : des formes de vie pourraient-elles subsister dans un environnement aussi acide et pauvre en eau ?
Les nuages de Vénus sont constitués majoritairement de gouttelettes d’acide sulfurique concentré \((\sim 75 \text{ à } 98\%)\) mélangé à de faibles quantités d’eau. Un tel environnement est extrêmement corrosif pour les structures cellulaires basées sur le carbone, comme les membranes lipidiques. Cependant, certaines bactéries terrestres extrêmophiles, notamment les acidophiles et halophiles, ont montré une étonnante capacité à survivre dans des milieux très acides (pH < 1) ou pauvres en nutriments, ce qui alimente la spéculation.
Des modèles biochimiques alternatifs ont été proposés pour des cellules utilisant des membranes non lipidiques (à base de polymères soufrés par exemple), ainsi que des cycles métaboliques exploitant le dioxyde de soufre \((\mathrm{SO_2})\), l'acide sulfurique et le carbone atmosphérique. Dans ces hypothèses, les cellules seraient en suspension dans les couches nuageuses et maintenues en équilibre dynamique par la convection et les vents zonaux rapides.
Cependant, plusieurs défis majeurs subsistent : la faible teneur en eau (moins de 0,01 %), l’intensité du rayonnement ultraviolet dans l’atmosphère supérieure, l’absence de nutriments disponibles, et surtout, le caractère transitoire de la stabilité des gouttelettes où la vie pourrait éventuellement se développer. De plus, la modélisation de l'évolution chimique des nuages montre qu’ils sont globalement oxydants et destructeurs pour les composés organiques complexes.
L’Agence spatiale indienne (ISRO), la NASA et l’ESA planifient de futures missions vers Vénus (Shukrayaan-1, VERITAS, EnVision) qui pourraient clarifier ces points. Certaines de ces missions embarqueront des spectromètres capables de détecter des biosignatures moléculaires, voire des particules biologiques complexes. La découverte d’une biosphère aérienne sur Vénus bouleverserait notre compréhension de la vie dans l’univers, en démontrant qu’elle peut apparaître et persister dans des milieux radicalement différents de la Terre.