Né Giuseppe Lodovico Lagrangia le 25 janvier 1736 à Turin (alors capitale du duché de Savoie), dans une famille d'origine française et italienne, il adoptera plus tard la forme francisée de son nom. Son père, Giuseppe Francesco Lodovico Lagrangia, souhaitait qu'il devienne avocat, mais le jeune Joseph-Louis se passionne très tôt pour les mathématiques après avoir lu un ouvrage de Edmond Halley (1656-1742) sur l'analyse.
Autodidacte génial, il devient professeur de mathématiques à l'École royale d'artillerie de Turin à seulement 19 ans. Ses premiers travaux sur le calcul des variations (1755) attirent l'attention de Leonhard Euler (1707-1783), qui le recommande à l'Académie de Berlin.
Lagrange a marqué l'histoire des mathématiques par des contributions fondamentales :
Son ouvrage majeur, Mécanique analytique (1788), est considéré comme une œuvre fondatrice de la physique mathématique. Il y démontre que toute la mécanique peut être dérivée d'un seul principe, le principe de moindre action, qu'il formule ainsi : \( \delta \int_{t_1}^{t_2} T - V \, dt = 0 \) où \( T \) est l'énergie cinétique et \( V \) l'énergie potentielle.
Lagrange a apporté des contributions décisives à l'astronomie :
Ses recherches sur les points de Lagrange (notés L1 à L5) sont aujourd'hui cruciales pour les missions spatiales. Le télescope JWST est notamment positionné au point L2 du système Terre-Soleil.
Concept | Lagrange | Newton | Euler |
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Approche principale | Analytique (équations) | Géométrique (forces) | Analytique (fonctions) |
Ouvrage majeur | Mécanique analytique (1788) | Principia (1687) | Mechanica (1736) |
Contribution clé | Points de Lagrange | Lois du mouvement | Mécanique des fluides |
Méthode mathématique | Calcul des variations | Géométrie différentielle | Analyse infinitésimale |
Sources : Mécanique analytique (Lagrange, 1788); Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica (Newton, 1687); Mechanica (Euler, 1736) |
En 1766, Lagrange succède à Euler à l'Académie de Berlin sur recommandation de Jean le Rond d'Alembert (1717-1783). Il y reste 20 ans avant de s'installer à Paris en 1787, où il devient membre de l'Académie des sciences.
Malgré la Révolution française, il est épargné grâce à son statut d'étranger et à l'estime générale pour son génie. Il participe même à la création du système métrique et de l'École polytechnique en 1794.
Napoléon Bonaparte (1769-1821), qui admirait son travail, le nomme comte d'Empire en 1808 et sénateur. À sa mort en 1813, il est inhumé au Panthéon, où son éloge funèbre est prononcé par Pierre-Simon Laplace.
L'influence de Lagrange s'étend à presque tous les domaines des mathématiques et de la physique :
Son approche analytique de la mécanique a inspiré :
Comme l'a dit Siméon Denis Poisson (1781-1840) : "Lagrange a porté les mathématiques à un degré de perfection qu'elles n'avaient pas encore atteint." Son nom est aujourd'hui attaché à de nombreux concepts fondamentaux, des points de Lagrange en astronomie aux multiplicateurs en optimisation, en passant par le lagrangien en physique quantique.
Dans ses dernières années, Lagrange se consacre à la révision de ses œuvres et à l'enseignement à l'École polytechnique. Il meurt à Paris le 10 avril 1813, laissant derrière lui un héritage scientifique immense.
Sa tombe au Panthéon porte cette épitaphe simple mais éloquente : "À la mémoire de Joseph-Louis Lagrange, géomètre et mécanique de génie, né à Turin le 25 janvier 1736, mort à Paris le 10 avril 1813."