En janvier 2002, une étoile située dans la constellation de la Licorne, à environ 20 000 années-lumière, connut une soudaine augmentation de luminosité : V838 Monocerotis devint alors 10 000 fois plus brillante que le Soleil. Son éclat rappelait celui d’une supernova, mais aucun effondrement gravitationnel ni émission d’ondes gamma ne suivirent. L’étoile survécut à son explosion. Cet événement, baptisé nova rouge lumineuse, souleva de nombreuses questions sur la physique des enveloppes stellaires et sur la dynamique des fusions d’étoiles.
Le phénomène le plus spectaculaire associé à V838 Monocerotis fut la propagation d’un écho lumineux. En quelques mois, la lumière de l’explosion se réfléchit sur les fines couches de poussière autour de l’étoile, donnant l’illusion d’une expansion supraluminique. En réalité, la vitesse apparente supérieure à la vitesse de la lumière (c) n’était qu’un effet de perspective : la lumière éclairait successivement des plans de matière à différentes distances. Cet écho permit d’obtenir une cartographie tridimensionnelle du milieu interstellaire local avec une précision inédite.
Les premières hypothèses invoquèrent une éruption thermique semblable à celle d’une Mira ou une instabilité dans l’enveloppe d’une supergéante. Mais les observations spectroscopiques ont révélé un refroidissement rapide de la photosphère, passant d’environ 7000 K à moins de 2000 K en quelques mois, signe d’une expansion massive plutôt que d’une explosion destructrice. Aujourd’hui, le scénario privilégié est celui d’une fusion stellaire entre une étoile de type B et une compagne plus petite.
N.B. :
Mira (ο Ceti) est une étoile géante rouge variable à environ 300 années-lumière. Sa luminosité change d’un facteur 1000 sur une période de 332 jours, en raison de ses pulsations internes caractéristiques des étoiles de la branche asymptotique des géantes (AGB - Asymptotic Giant Branch).
Selon les travaux de Romano Corradi (1966-) et Howard Bond (1941-), l’événement serait le résultat d’une coalescence au sein d’un système binaire. Lorsqu’une étoile secondaire spirale vers l’intérieur de son étoile principale, l’énergie libérée par la friction et la chute de matière provoque une expansion rapide et une émission d’énergie optique intense, sans atteindre les conditions de l’effondrement du cœur (\(P_{\mathrm{grav}} < P_{\mathrm{fusion}}\)). Cette fusion partielle aurait transformé V838 Monocerotis en une supergéante rouge froide entourée de couches de poussière récemment éjectées.
L’étude de V838 Monocerotis a permis de mieux comprendre les processus de transfert d’énergie dans les systèmes binaires et la formation d’enveloppes communes. Ces phénomènes jouent un rôle clé dans la distribution de la poussière galactique et dans l’évolution des populations stellaires. Ils démontrent également que la mort d’une étoile n’est pas toujours synonyme d’explosion terminale : certaines renaissent sous une autre forme, plus instable mais toujours active.
| Propriété | V838 Monocerotis | Supernova de type II | Différence clé |
|---|---|---|---|
| Origine | Fusion de deux étoiles | Effondrement gravitationnel d’une étoile massive | Pas de destruction du cœur stellaire |
| Température maximale | ≈ 7000 K | > 109 K | Explosion plus froide et plus lente |
| Durée de l’éclat | Quelques mois | Quelques semaines | Évolution plus étalée dans le temps |
| Résidu | Supergéante rouge survivante | Étoile à neutrons ou trou noir | Pas de reste compact |