Bételgeuse, aussi appelée Alpha Orionis, est l’une des étoiles les plus massives et lumineuses visibles à l’œil nu. Située à environ 640 années-lumière de la Terre dans la constellation d’Orion, elle marque l'épaule gauche du chasseur céleste. Cette supergéante rouge affiche un rayon d’environ 900 fois celui du Soleil, englobant facilement l’orbite de Mars si elle se trouvait au centre de notre système solaire. Sa masse, estimée entre 10 et 20 masses solaires, la place parmi les géantes qui termineront leur vie dans un événement cataclysmique : une supernova.
En tant que supergéante rouge de type spectral M1-2 Ia, Bételgeuse a quitté la séquence principale depuis plusieurs centaines de milliers d’années. Elle a déjà épuisé l’hydrogène dans son cœur, ce qui a entraîné l'arrêt de la fusion proton-proton centrale. La gravité a ensuite contracté le cœur, augmentant sa température jusqu’à initier la fusion de l’hélium en carbone et en oxygène par le triple-alpha. Autour de ce cœur d’hélium en fusion, on trouve des couches concentriques où se déroulent des réactions de fusion de plus en plus légères en s’éloignant du centre : carbone, néon, oxygène, puis des couches d’hydrogène résiduel à la périphérie. Cette structure en pelure d’oignon est caractéristique des étoiles massives en fin de vie.
Les gradients thermiques extrêmes générés entre ces couches provoquent des courants convectifs très puissants, transportant non seulement l’énergie mais aussi des éléments lourds vers la surface. Ces cellules convectives, de taille colossale (parfois équivalentes à un quart du rayon de l’étoile), induisent des variations dynamiques de la photosphère, visibles depuis la Terre sous forme d’irrégularités de luminosité. De plus, Bételgeuse montre des pulsations semi-régulières dues à des déséquilibres hydrostatiques temporaires entre la pression de radiation et la gravité, ce qui engendre des variations de rayon et de température effectives sur des périodes de quelques centaines de jours.
L’assombrissement spectaculaire observé entre fin 2019 et début 2020, appelé le Great Dimming, a mis en lumière la complexité des phénomènes atmosphériques de ces supergéantes. Deux explications principales ont été avancées : d’une part une chute de température locale liée à une convection extrême ou une onde de choc interne ayant temporairement modifié la température effective de la photosphère ; d’autre part, l’éjection d’un panache de gaz dense et poussiéreux qui, en se condensant en silicates à basse température, a temporairement masqué une partie du disque stellaire en absorbant la lumière visible. Cette dernière hypothèse est étayée par des observations infrarouges et polarisées qui ont révélé un nuage de poussière en formation proche de la ligne de visée.
Ce comportement erratique est typique des étoiles proches de leur effondrement gravitationnel. Avec une masse initiale estimée entre 15 et 20 masses solaires, Bételgeuse est destinée à finir sa vie en supernova de type II, peut-être dans les 100 000 prochaines années. Le suivi de ses variations de luminosité nous offre donc une fenêtre unique sur les derniers stades de l’évolution des étoiles massives, dans une phase où la physique des plasmas, la dynamique des couches en fusion et les instabilités radiatives se conjuguent pour produire des phénomènes spectaculaires et encore imparfaitement compris.
Le destin de Bételgeuse est scellé : lorsque le fer s'accumulera en son cœur, ne permettant plus aucune fusion exothermique, la pression gravitationnelle prendra le dessus. En une fraction de seconde, le cœur s’effondrera, générant une onde de choc qui pulvérisera les couches externes dans une supernova de type II. Cette explosion libérera autant d’énergie qu’une galaxie entière durant plusieurs jours. Si elle survient dans les prochains millénaires, l’événement serait visible même en plein jour depuis la Terre, sans toutefois représenter de danger, Bételgeuse étant trop éloignée pour que les radiations atteignent notre biosphère de manière significative.
L’étude de Bételgeuse permet de mieux comprendre les phases terminales des étoiles massives. Grâce à l’interférométrie, aux observations infrarouges et aux modélisations hydrodynamiques, les astrophysiciens sondent l'intérieur de ce géant rouge et ses phénomènes convectifs, de pulsation et de perte de masse. Bételgeuse nous enseigne que même les astres les plus stables en apparence sont sujets à des dynamiques internes colossales, annonçant une transformation violente mais aussi formatrice, car les supernovæ enrichissent le milieu interstellaire d’éléments lourds, ingrédients de la vie.
L’une des méthodes les plus directes pour estimer le rayon physique d’une étoile proche comme Bételgeuse repose sur l’interférométrie optique. Cette technique permet de mesurer le diamètre angulaire de l’étoile, c’est-à-dire l’angle sous lequel son diamètre est vu depuis la Terre. En combinant cette donnée avec la distance de l’étoile, on obtient une estimation de son rayon réel selon une géométrie purement trigonométrique.
Le rayon R de l’étoile s’obtient par la relation :
R = (d × θ) / 2
R = (6,07 × 1018 m × 2,04 × 10−7) / 2 ≈ 6,2 × 1011 m
Ce rayon correspond à environ :
R / R☉ ≈ (6,2 × 1011) / (6,96 × 108) ≈ 891 R☉
L’analyse interférométrique place le rayon de Bételgeuse à environ 890 fois celui du Soleil. Cette valeur, très cohérente avec d'autres méthodes indirectes, confirme le statut de supergéante rouge de cette étoile, dont le diamètre est comparable à l’orbite de Jupiter dans le Système solaire.
Notre Soleil est vraiment très petit, par rapport à certaines étoiles. Les planètes ne sont que des poussières par rapport aux Géantes bleues et rouges de notre univers. Sur cette vidéo YouTube, les tailles relatives des planètes et des étoiles, sont présentées de la plus petite à la plus grande. La vidéo montre d'abord, notre Lune, les planètes de notre système solaire rangées par ordre de taille croissante, puis le Soleil. Ensuite vont défiler, les étoiles les plus grosses de notre galaxie. Leurs tailles approximatives, ont été calculées à partir de leurs luminosités, de leur températures, elles même déduites de leurs couleurs, et de leurs distances.