Le terme superbolt (ou super-éclair) désigne une catégorie rare et extrêmement énergétique d’éclairs observés dans l’atmosphère terrestre. Un superbolt est un phénomène électrique atmosphérique caractérisé par une décharge mille fois plus intense qu’un éclair classique. Leur éclat est tel qu’ils peuvent être observés depuis l’espace par les satellites météorologiques. Alors qu'un éclair classique libère environ 1 gigajoule d'énergie, les superbolts peuvent atteindre des énergies supérieures à 100 gigajoules, 100 à 1000 fois plus puissants que les éclairs ordinaires.
Ces phénomènes météorologiques exceptionnels furent identifiés pour la première fois dans les années 1970 par le physicien Bernard Vonnegut (1914-1997), mais ce n'est qu'avec les satellites modernes que leur étude systématique a pu être entreprise.
| Paramètre physique | Éclair classique | Superbolt | Rapport ou remarque |
|---|---|---|---|
| Énergie lumineuse émise | ≈ \(10^8\ \text{J}\) | ≈ \(10^{11}\ \text{J}\) | Environ 1000 fois plus intense |
| Durée de la décharge | \(10^{-4}\ \text{s}\) (≈ 100 µs) | 1 à 10 × \(10^{-3}\ \text{s}\) | Durée 10 à 100 fois plus longue |
| Courant maximal | ≈ 30 000 A | 200 000 à 500 000 A | Jusqu’à 15 fois supérieur |
| Température du canal ionisé | 20 000 à 30 000 °C | 30 000 à 50 000 °C | Plasma plus chaud et plus stable |
| Champ électrique local | \(E \approx 10^5\ \text{V/m}\) | \(E \approx 10^6\ \text{V/m}\) | Facteur 10 sur le champ électrique |
| Durée d’ionisation du canal | Quelques microsecondes | Jusqu’à plusieurs millisecondes | Ionisation quasi continue |
| Altitude moyenne d’occurrence | 5 à 10 km | 10 à 15 km (sommets des nuages) | Régions froides et instables |
Source : Holzworth et al., *Geophysical Research Letters*, 2020 – données satellites OTD et LIS.
La genèse d’un superbolt résulte d’une combinaison rare de conditions atmosphériques (électrostatiques, thermodynamiques et physiques à l’échelle des particules) au sein des nuages de type cumulonimbus. Ces phénomènes se produisent lorsqu’un déséquilibre de charge atteint un seuil critique rendant possible une décharge auto-entretenue d’énergie colossale. Ces conditions ne sont atteintes que dans moins de 0,01 % des orages observés à l’échelle planétaire.
Dans un nuage d’orage, les cristaux de glace, de neige roulée et les gouttelettes d’eau surfondue (grésil mou) s’entrechoquent en permanence. Lors de ces collisions, un petit transfert d’électrons se produit, le plus souvent du grésil vers les cristaux de glace. Cette multitude d’échanges finit par créer une véritable batterie naturelle : la partie haute du nuage devient positive, tandis que sa zone centrale s’enrichit en charges négatives. Le champ électrique ainsi généré peut atteindre des valeurs considérables, de l’ordre de \(E \approx 10^5 - 10^6\ \text{V/m}\).
Ce champ électrique finit alors par dépasser la rigidité diélectrique de l’air (\(3\times10^6\ \text{V/m}\)), c’est-à-dire la limite au-delà de laquelle l’air cesse d’être isolant. À ce moment, un canal partiellement ionisé progresse par petits bonds successifs, chacun renforçant localement le champ électrique autour de lui.
Lorsque le champ atteint des valeurs extrêmes, supérieures à \(10^6\ \text{V/m}\), les électrons libres sont accélérés à des vitesses proches de celle de la lumière. Ils entrent alors dans une avalanche d’électrons relativistes, un processus appelé RREA. Ce mécanisme transforme une partie de l’énergie du champ électrostatique en un courant électrique gigantesque. Le canal ionisé s’échauffe brutalement, atteignant des températures de plusieurs dizaines de milliers de degrés : l’air se dilate violemment et produit une onde de choc lumineuse et sonore, le superbolt.
Les superbolts apparaissent majoritairement au-dessus des océans, où la conductivité de l’air humide favorise les décharges extrêmes, mais ils peuvent également survenir sur les continents, là où les gradients de charge entre couches nuageuses atteignent des valeurs critiques. Les observations indiquent une différence de potentiel atteignant plusieurs gigavolts.
| Facteur clé | Mécanisme | Impact sur la puissance | Conditions favorables |
|---|---|---|---|
| Hauteur du nuage | Plus grande distance entre les centres de charge = différence de potentiel accrue | Augmentation de l'énergie potentielle disponible pour la décharge | Cumulonimbus de grande extension verticale (> 12 km) |
| Intensité du champ électrique | Champ électrique dépassant la rigidité diélectrique de l'air de façon significative | Accélération plus efficace des électrons et amplification du phénomène RREA | Concentration exceptionnelle de charges dans le nuage |
| Durée de la décharge | Prolongation du transfert de charge dans le canal ionisé | Intégration temporelle du courant plus importante | Stabilité exceptionnelle du canal de foudre |
| Avancée relativiste (RREA) | Avalanche d'électrons atteignant des vitesses relativistes | Multiplication exponentielle du nombre de porteurs de charge | Champs électriques extrêmes (> 10^6 V/m) |
| Géométrie de la décharge | Décharge s'étendant sur de plus grandes distances horizontales ou verticales | Volume d'air ionisé plus important et transfert de charge accru | Orages de grande échelle spatiale |
| Conditions atmosphériques | Air froid et sec en altitude favorisant l'accumulation de charge | Réduction des fuites et amélioration de l'isolation | Masses d'air instables avec fort gradient thermique |