Située à environ 40 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Cancer, 55 Cancri e est une super-Terre environ deux fois plus grande que notre planète. Ce monde rocheux, en orbite extrêmement proche de son étoile (moins de 2,5 millions de km), présente des caractéristiques thermiques et optiques qui ont longtemps dérouté les astrophysiciens. Initialement considérée comme une planète recouverte de diamants en raison de sa densité élevée et de sa composition potentiellement riche en carbone, elle révèle plutôt une surface incandescente, ponctuée d’éruptions volcaniques et de flux magmatiques.
Le télescope spatial Spitzer, puis plus récemment le James Webb, ont observé des variations lumineuses spectaculaires, qui pourraient suggérer une atmosphère dynamique ou des phénomènes de réflexion optique atypiques. Ces observations posent alors une question : ce que nous percevons comme un éclat digne d’un joyau est-il bien réel, ou s'agit-il d’un effet d’optique, amplifié par des reflets atmosphériques ou par l’effet de phase de la planète ?
La température à la surface de 55 Cancri e atteint plus de 2400 K côté jour, tandis que son hémisphère nuit pourrait être bien plus froid, suggérant une circulation thermique limitée, donc une atmosphère ténue, voire absente. Pourtant, certaines données infrarouges détectent des émissions cycliques qui ne peuvent être expliquées uniquement par une surface nue. Une hypothèse propose l’existence d’une fine atmosphère riche en minéraux évaporés, formant un halo capable de réfléchir et réémettre la lumière stellaire de manière variable, produisant une illusion optique sur sa vraie nature.
Autre piste évoquée : un volcanisme intense comparable à celui d’Io, la lune de Jupiter, qui entraînerait la formation de panaches gazeux. Ces éjections pourraient temporairement augmenter l’albédo ou engendrer des variations spectrales interprétées à tort comme des propriétés de surface constantes. On évoque aussi une résonance spin-orbite atypique (potentiellement 3:2 au lieu de 1:1), qui induirait des cycles d’illumination complexes. Dans tous les cas, les modélisations doivent intégrer les effets combinés de la rotation, des marées gravitationnelles et de l’irradiation stellaire extrême.
Ainsi, la brillance de 55 Cancri e, loin d’être une simple propriété matérielle, résulte d’un jeu complexe entre dynamique orbitale, interactions radiatives et géophysique extrême. Ce « joyau » cosmique est peut-être moins un diamant brut qu’un miroir déformant de nos perceptions.
Le système 55 Cancri (ou Copernic) est un système binaire composé d'une étoile principale (55 Cancri A, de type G) et d'une naine rouge (55 Cancri B). Cinq planètes confirmées gravitent autour de l’étoile principale. Ce système présente une architecture complexe avec des planètes allant de la super-Terre à la planète géante. Voici leurs principales caractéristiques :
Planète | Type | Masse (M⊕) | Rayon (R⊕) | Période orbitale (jours) | Semi-grand axe (UA) | Température estimée (K) | Commentaires |
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55 Cancri e | Super-Terre | 8.0 | 1.9 | 0.7365 | 0.01544 | 2400 | Planète rocheuse très chaude, proche de l'étoile |
55 Cancri b | Jovienne chaude | 264 | — | 14.65 | 0.1134 | 850 | Première planète détectée du système |
55 Cancri c | Neptunienne | 54.3 | — | 44.4 | 0.237 | 500 | Orbitalement stable, peu connue |
55 Cancri f | Saturnienne | 45.0 | — | 260 | 0.781 | 330 | Zone habitable, cible d’intérêt |
55 Cancri d | Jovienne géante | 3 800 | — | 5 250 | 5.77 | 130 | Planète géante lointaine, stabilisante |
55 Cancri a | Étoile primaire | — | — | — | — | — | Étoile hôte de type G8 |
55 Cancri B | Compagnon stellaire | — | — | — | — | — | Naine rouge distante de 1000 UA |