Avant Einstein, l’espace et le temps étaient considérés comme des entités absolues, indépendantes du mouvement de l’observateur. En 1905, Albert Einstein introduit la relativité restreinte, bouleversant cette conception newtonienne. Sa théorie repose sur deux postulats fondamentaux : les lois de la physique sont les mêmes dans tous les référentiels inertiels, et la vitesse de la lumière dans le vide est constante et indépendante de la vitesse de la source ou de l'observateur.
Ces deux hypothèses entraînent des conséquences surprenantes : le temps ne s’écoule pas de la même manière pour tous les observateurs, les longueurs se contractent avec la vitesse, et la simultanéité devient relative. Ce n’est pas seulement un changement de repère, mais une refonte complète de notre perception de l’univers.
Le phénomène de dilatation du temps prédit que si une horloge se déplace à une vitesse proche de celle de la lumière, elle sera vue par un observateur fixe comme tournant plus lentement. Ce ralentissement du temps est quantifié par le facteur de Lorentz :
$$ \gamma = \frac{1}{\sqrt{1 - \frac{v^2}{c^2}}} $$
où \( v \) est la vitesse de l’objet et \( c \) la vitesse de la lumière. À 90 % de \( c \), \( \gamma \approx 2{,}3 \), ce qui signifie que le temps passe plus de deux fois plus lentement à bord de l’objet en mouvement.
Inversement, pour un observateur embarqué dans un référentiel en mouvement rapide, les longueurs dans la direction du déplacement se contractent. C’est la contraction des longueurs, un autre effet relativiste, mesuré aussi par le facteur de Lorentz.
À première vue, le temps semble universel et rigide : une seconde est une seconde, quel que soit l’observateur. Pourtant, la relativité restreinte montre que cette rigidité n’est qu’une illusion à basse vitesse. Le facteur de Lorentz croît lentement lorsque la vitesse \( v \) augmente, puis diverge rapidement à l’approche de \( c \). Pour obtenir un facteur de dilatation du temps aussi modeste que \( \gamma = 2{,}3 \), il faut déjà atteindre 90 % de la vitesse de la lumière. Cela montre que le temps est remarquablement stable pour les vitesses ordinaires, mais devient extrêmement malléable dans les régimes relativistes.
Ce comportement s’explique par la structure géométrique de l’espace-temps. À basse vitesse (\( v \ll c \)), le terme \( v^2 / c^2 \) est très petit, donc \( \gamma \approx 1 \), et les effets relativistes sont négligeables. Ce n’est qu’au-delà de \( 0{,}8c \) que la dilatation du temps devient perceptible. Par exemple :
La montée est d’abord lente, puis devient explosive à l’approche de \( c \). Ce comportement est une conséquence directe de la nature hyperbolique du cône de lumière, qui structure l’espace-temps en relativité restreinte.
La nouvelle structure de l’espace-temps de Minkowski, utilisé en relativité restreinte, possède une métrique où l’intervalle invariant est : \( s^2 = c^2t^2 - x^2 - y^2 - z^2 \)
Cette métrique sépare les événements en trois catégories : ceux à l’intérieur du cône de lumière (causalement atteignables), sur le cône (limite lumineuse), et hors du cône (non causalement connectés). Lorsqu’un observateur se déplace à grande vitesse, son axe temporel s’incline dans le diagramme de Minkowski, réduisant la composante temporelle visible par un observateur au repos. Le temps se dilate : c’est une conséquence géométrique, pas un effet "mécanique".
La relativité restreinte introduit également une notion contre-intuitive : deux événements qui semblent simultanés dans un référentiel peuvent ne pas l’être dans un autre. Cette relativité de la simultanéité découle directement de l’invariance de la vitesse de la lumière.
Malgré ces effets, la relativité restreinte respecte la causalité. Aucun signal ni particule ne peut voyager plus vite que la lumière, assurant que les causes précèdent toujours leurs effets. Cela garantit la cohérence logique du monde physique, bien que celui-ci ne soit plus absolu.
L’équation célèbre d’Einstein \( E = mc^2 \) n’est pas un postulat, mais une conséquence directe de la géométrie de l’espace-temps en relativité restreinte. Tout commence avec l’invariant fondamental de la théorie : l’intervalle d’espace-temps entre deux événements, défini par : \( s^2 = c^2 t^2 - x^2 - y^2 - z^2 \)
Cet intervalle est constant pour tous les observateurs inertiels. Il structure l’espace-temps comme une variété pseudo-euclidienne, au cœur de la formulation de Minkowski.
On définit le quadrivecteur position \( X^\mu = (ct, x, y, z) \), dont la dérivée par rapport au temps propre \( \tau \) donne le quadrivecteur vitesse : \( U^\mu = \frac{dX^\mu}{d\tau} = \gamma (c, v_x, v_y, v_z) \quad \text{avec} \quad \gamma = \frac{1}{\sqrt{1 - \frac{v^2}{c^2}}} \)
En multipliant par la masse \( m \), on obtient le quadrivecteur énergie-impulsion : \( P^\mu = m U^\mu = \left( \frac{E}{c}, \vec{p} \right) \)
Ce vecteur a une norme relativiste invariante : \( P^\mu P_\mu = \left( \frac{E}{c} \right)^2 - p^2 = m^2 c^2 \)
Ce qui donne la relation fondamentale entre énergie, impulsion et masse : \( E^2 = p^2 c^2 + m^2 c^4 \)
Si le corps est au repos (\( \vec{p} = 0 \)), on obtient directement : \( E = mc^2 \)
Cette équation exprime l’énergie de masse au repos, l’énergie intrinsèque de tout corps, même immobile. Elle révèle que la masse est une forme concentrée d’énergie, ce qui explique :
Ainsi, \( E = mc^2 \) résulte naturellement de la conservation de l’invariant de Minkowski et de la structure du quadrivecteur énergie-impulsion. Elle est une manifestation profonde de la nature géométrique de la physique relativiste.
La célèbre équation \( E = mc^2 \) découle naturellement de la relativité restreinte. Elle exprime l’équivalence entre masse et énergie : une masse au repos possède une énergie intrinsèque proportionnelle au carré de la vitesse de la lumière. Cette relation a des implications majeures en physique nucléaire et en cosmologie.
Ainsi, la relativité restreinte n’est pas une curiosité mathématique : elle est à la base de technologies modernes comme les GPS, qui doivent tenir compte de ces effets pour fonctionner correctement, et elle prépare le terrain à la relativité générale, qui intègre la gravitation dans cette nouvelle géométrie de l’espace-temps.